INTERVIEWVIDEO. François Damiens: «Le héros de "Mon Ket", je l'enverrais promener»

VIDEO. François Damiens: «Si je croisais le personnage de "Mon Ket", je l'enverrais promener»

INTERVIEWPour sa première réalisation, François Damiens revient à sa spécialité: la caméra cachée...
Caroline Vié

Caroline Vié

L'essentiel

  • François Damiens a écrit le scénario de « Mon Ket » autour de scènes filmées en caméra (s) cachée (s).
  • François Damiens s’est composé un personnage d’escroc sans foi ni loi qui tente de se réconcilier avec son fils adolescent.
  • Le tournage de cette comédie l’a rassuré sur la nature humaine.
François Damiens revient à ses premières amours : un tournage en caméra cachée ! Pour Mon Ket, sa première réalisation au cinéma, il s’est composé un personnage de « baraki », voyou sans foi ni loi, évadé de prison, tentant de se rapprocher de son fils de 15 ans.

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Cette comédie coécrite avec Benoît Mariage a été tournée en Belgique où le héros piège toutes sortes d’anonymes. Elle surprend constamment par sa liberté de ton et son originalité autour d’un personnage de crétin flamboyant auquel François Damiens apporte autant de talent que d’humanité.
Pourquoi avoir eu de nouveau recours au procédé de la caméra cachée ?
Je fais cela depuis vingt ans à la télé. J’ai eu envie de pousser le bouchon plus loin en adoptant le format d’un long-métrage. En faisant l’acteur dans de nombreuses fictions, je me suis rendu compte que cela me manquait de ne plus improviser et de ne plus donner la réplique à des non-professionnels.
Comment avez-vous mis au point votre look ?
Il me fallait quatre heures de maquillage pour le mettre au point entre fards et prothèses. C’était étouffant : la peau de mon visage ne respirait plus. Mais il était indispensable que ce maquillage soit parfait car les gens que je piégeais ne devaient pas imaginer que j’étais grimé ! Et j’étais vert quand il est arrivé qu’on me reconnaisse.
Comment avez-vous conçu le scénario ?
J’ai pensé à ces types qui se conduisent comme des potes plutôt que comme des pères pour leur gamin. Évidemment, l’histoire a évolué avec les sketches car je tenais à une continuité : il fallait éviter à tout prix d’arriver à une suite de saynètes décousues. Nous avons tourné pendant un an et demi en montant le film au fur et à mesure.
aVous vous attendiez à un tel boulot ?
Carrément pas ! On s’est retrouvé avec six cents heures de rushes. Pour chaque situation, nous piégions plusieurs personnes. Je tiens à préciser que toutes ont été informées et rétribuées. Ce film n’aurait pas pu se faire en France pour des raisons de droit à l’image…
Comment réagissaient les gens quand ils comprenaient qu’ils avaient été piégés ?
Étonnamment bien ! Il faut dire que je prenais garde à ne jamais être méchant, à ne pas les tourner en ridicule. C’est mon personnage qui est grotesque pas ses interlocuteurs. Les Belges ont un sens du second degré qui leur permet de faire la différence.
Certains ont-ils refusé de participer ?
Ils n’ont pas été nombreux et leur refus n’avait la plupart du temps rien à voir avec le projet en lui-même. Ceux qui ont dit non avaient peur de se faire repérer avec leur amant ou leur maîtresse ou de se faire gauler en train de glander au boulot.

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Techniquement, c’était facile ?
Pour l’image, pas de souci ! Entre caméras dissimulées et caméras de surveillance, il nous arrivait d’avoir sept points de vue. Je suis passé maître dans la dissimulation de caméras. Dès que j’entre dans une pièce, je ne peux m’empêcher de me demander où je les placerais ! Le son était plus compliqué à mettre au point pour qu’il soit assez clair ! Pour la scène du parking, nous avions fait offrir aux employés des polaires dans lesquels nous avions dissimulé des micros.
Que vous aura appris cette expérience ?
Que la plupart des Belges sont gentils et patients. Si je croisais le personnage de Mon Ket, je l’enverrais promener ! Mais je n’ai pas eu de réactions agressives, le tournage de ce film m’a rassuré sur la nature humaine.

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