VIDEO. Festival de Cannes: Un palmarès placé sous le double signe des femmes et de la diversité
CLOTURE•Cate Blanchett et ses jurés ont mis l’accent sur les êtres et les cinéastes rebelles avec ce palmarès raffiné…De notre envoyée spéciale à Cannes, Caroline Vié
L'essentiel
- Le jury de Cate Blanchett a donné deux Palmes d’or.
- Les femmes, les personnalités engagées et les héros atypiques sont mis à l’honneur.
- Les Français repartent bredouilles de la Croisette.
Cate Blanchett et son jury ont tranché : leur palmarès est placé sous le double signe des femmes et de la diversité. Lors d’une cérémonie émouvante animée avec talent par Edouard Baer, de nombreux invités surprises comme Roberto Benigni ou Sting ont apporté une touche d’émotion supplémentaire aux festivités.
Deux Palmes d’or sinon rien !
Hirokazu Kore-eda a remporté la récompense suprême grâce à Une affaire de famille où une petite fille maltraitée est recueillie par une bande de voleurs sympathiques. Cette ode à une vie en dehors des sentiers battus est emblématique des choix d’un jury qui apprécie visiblement les êtres décidés à ne pas rentrer dans le rang. La Palme spéciale (une grande première) décernée à Jean-Luc Godard pour son Livre d'images témoigne également du désir du jury de se singulariser comme de ses goûts éclectiques et raffinés.
Engagement et différence
Si le jury avait déclaré ne pas vouloir privilégier de message politique, le prix du scénario à Trois visages de Jafar Panahi, cinéaste qui n’a pas le droit de quitter l’Iran, envoie un signe fort dans sa direction. Idem pour le Grand prix décerné à Spike Lee et son Blackkklansman, pied de nez à l’Amérique de Donald Trump sur un Afro-américain qui infiltre le Ku Klux Klan. Les êtres différents ont eux aussi séduit le jury. Du toiletteur pour chiens devenu gangster de Dogman (dont l’acteur Marcello Fonte a été récompensé) à la mère indigne de Ayka (prix d’interprétation féminine pour Samal Yeslyamova), ce sont des laissés-pour-compte de la société qui sont célébrés.
Des femmes sur le podium et sur l’écran
Les femmes sont aussi les grandes gagnantes de cette 71e édition que ce soit devant ou derrière la caméra ! Nadine Labaki a fait pleurer la Croisette avec les enfants des rues de Capharnaüm ce qui lui a permis de remporter le Prix du jury. Quant à Alice Rohrwacher et son émouvant Heureux comme Lazzaro, ils ont reçu le Prix du scénario. L’héroïne tragique de Cold War de Pawel Pawlikowski a valu au réalisateur polonais de repartir avec un Prix de la mise en scène. Cette histoire d’une chanteuse aux amours tragiques permet a réalisateur de remporter un nouveau prix prestigieux après son Oscar pour Ida
Pas de lauriers pour les Français
Il n’y a guère que les Français qui ne sont pas à la fête car ils repartent bredouilles de la Croisette. La productrice de porno gay d’Un couteau dans le cœur de Yann Gonzalez, les guerrières des Filles du soleil d’Eva Husson et les syndicalistes deEn guerre de Stéphane Brizé n’ont pas remporté le moindre accessit ! Même Girl, sublime film belge sur une ballerine coincée dans un corps de garçon qui a remporté la Caméra d’or, n’est pas francophone. Il ne reste plus qu’à souhaiter que notre cinéma séduise davantage les jurés de l’an prochain.