VIDEO. Festival de Cannes: «Burning» et «Dogman», la violence dans le feu de l'action
NOIR•Films chocs de cette fin de festival, «Burning» et «Dogman» ont en commun leurs anti-héros, poussés par les circonstances à tuer et mettre le feu à l'écran. Deux rôles puissants et autant de prix d'interprétation potentiels...Stéphane Leblanc
Ce sont des personnages ordinaires transcendés par des mises en scène qui les dépassent. Dogman et Burning, les films de l’Italien Matteo Garrone et du Coréen Lee Chang-dong présentés ce jeudi, n’ont pas seulement en commun des titres courts, qui sonnent comme des coups de trique, mais une atmosphère d’une noirceur sans limite, qui pousse leurs antihéros à mettre le feu à l’écran.
A deux jours de l'annonce du palmarès, leurs acteurs deviennent d'un coup les deux plus sérieux prétendants au prix d’interprétation masculine.
Marcello, toiletteur pour chien incarné par Marcello Fonte
Tout le monde l’aime bien, Marcello, surtout les molosses de ses voisins dont il s’occupe. La violence du personnage trouve son origine dans l’esprit de vengeance qui l’anime après avoir été entraîné dans une spirale criminelle et trahi par son meilleur ami, un colosse qui terrorise le quartier.
Ce qui marque dans l’interprétation de Marcello Fonte, outre un prénom identique à celui de son personnage, c’est « la douceur de son visage antique qui semble venu d’une Italie en train de disparaître », selon l’expression de Matteo Garrone. C’est aussi l’impuissance dans laquelle il est englué au point de rendre le monde autour de lui indifférent aux choix qu’il fait pour survivre.
Jongsu, coursier et aspirant écrivain, interprété par Ah-in Yoo
Jongsu est un jeune homme solitaire et apathique, vivant dans l’ombre obsédante d’un beau gosse friqué qu’il croit responsable de la disparition de son ancienne petite amie.
« Ses interrogations et son bouillonnement traduisent la rage des jeunes qui est un des problèmes les plus urgents, explique Lee Chang-dong : ils ont perdu tout espoir de voir leur situation s’améliorer et ne sachant contre qui diriger leur colère, ils se sentent complètement impuissant. » L’interprétation très fine et « toute en intériorité », comme la définit lui-même Ah-in Yoo, contribue au fait qu'on ne peut que s’identifier à lui.