VIDEO. Festival de Cannes: «Coup pour coup», film engagé, a coûté cher à Marin Karmitz
CANNES CLASSICS•Cet unique long-métrage du producteur est montré à Cannes dans une version restaurée superbe...De notre envoyée spéciale à Cannes, Caroline Vié
L'essentiel
- «Coup pour coup » de Marin Karmitz évoque la grève d’ouvrières déterminées à faire plier leur patron en 1972.
- L’octogénaire est ravi de faire redécouvrir son film.
- Le film ressort en salles le 16 mai prochain.
Si le nom de Marin Karmitz ne vous est pas familier, vous avez pourtant sans doute déjà vu l’une de ses productions réalisées par Claude Chabrol ou Alain Resnais (pour ne citer que deux noms), vous êtes déjà assis dans une des salles du réseau MK2 qu’il a fondé. C’est comme réalisateur que ce grand monsieur de 79 printemps est honoré à Cannes Classic avec son film Coup pour coup (1972).
« Ce film sur la révolte d’ouvrières exploitées par leur patron m’a coûté ma carrière de cinéaste, raconte Marin Karmitz à 20 Minutes. Plus personne n’a voulu me financer ensuite en raison de mes opinions politiques. » C’est pour pouvoir montrer Coup pour coup que le cinéaste a ouvert sa première salle de cinéma. Il n’a plus réalisé de film ensuite d’où son bonheur d’être reconnu à Cannes comme réalisateur. « C’est une forme de consécration inattendue », reconnaît-il.
La projection cannoise de la superbe copie restaurée n’est pas la première fois que Marin Karmitz revoit Coup pour coup. « J’ai redécouvert le film à Elbeuf juste après l’élection d’Emmanuel Macron, se souvient-il. Il y avait les ouvrières qui avaient participé au film, leurs enfants et petits-enfants et des syndicalistes : quatre cents personnes enthousiastes. C’était très émouvant. » Le film est ressorti en vidéo chez MK2 et sera visible en salles à partir du 16 mai prochain. Ce que raconte Marin Karmitz dans Coup pour coup est toujours étonnamment d’actualité car ce brûlot n’est pas si éloigné de En guerre de Stéphane Brizé, projeté en Sélection officielle.
Un patron artiste
« Je suis devenu patron, s’amuse Marin Karmitz, mais un patron pas comme les autres, un patron artiste. » Le presque octogénaire a sacrifié sa carrière de réalisateur pour s’occuper des films des autres mais il n’en ressent aucune amertume. « La réalisation m’a manqué mais je n’ai jamais voulu produire mes propres films, ni me mettre en avant comme cinéaste pour ne pas interférer avec ceux que je produisais. » La force de ce long-métrage fait regretter que Marin Karmitz n’a pas signé davantage de films mais tout n’est pas perdu dans ce domaine : il a filmé un reportage sur Etranger résident, l’exposition d’œuvres d’art qu’il a montée l’an dernier.