TémoignageTamara Klink raconte son hivernation de huit mois au Groenland

« J’ai plus peur des hommes que des ours polaires » : Tamara Klink raconte son hivernation de huit mois au Groenland

TémoignageElle a navigué pendant treize jours pour atteindre la « terre verte ». Une fois arrivée, la banquise arctique s’est emparée de son navire, la bloquant au milieu de la baie de Disko, en plein dans la nuit éternelle de l’hiver boréal.
"Je préfère me retrouver seule face à un ours, qu'à un homme" - Tamara Klink, une navigation solitaire au Groenland
Lucie FrancoHugo Valentin

Lucie Franco, Hugo Valentin

L'essentiel

  • Tamara Klink est une navigatrice qui a fait des expéditions en solitaire.
  • Elle est partie huit mois au Groenland, en plein hiver, pour y observer la vie animale.
  • Ces expéditions risquent d’être difficiles à réaliser dans le futur, à cause du réchauffement climatique.

Tamara était l’invitée de Lucie Franco dans Focus. La Brésilienne de 27 ans rêvait des étendues blanches du Groenland, et d’expérimenter la solitude. Elle souhaitait connaître l’hiver en Arctique, voir la migration des animaux de ses propres yeux. À l’ouest de cette île gelée, dans la baie de Disko, la navigatrice en herbe a passé huit mois seule, au milieu de la banquise. Un projet qu’elle a mis 2 ans à bâtir : « Quand on est jeune, femme, qu’on vient d’un pays en voie de développement, ça ne paraît pas évident », raconte Tamara.

La navigatrice confie ses moments de peur les plus difficiles à surmonter pendant ces 8 mois coincée au cœur de la banquise. Contre toute attente, cela ne concerne pas la confrontation à un animal sauvage, ou à un problème technique : « J’avais peur de retrouver d’autres gens en situation d’isolement. Il y a eu un moment, un chasseur est passé dans le fjord, quand je l’ai vu de loin je ne l’ai pas reconnu. J’ai d’abord cru à un renard, puis à un animal à deux pattes, un ours. Je ne voulais pas que ce soit un homme. L’ours me faisait moins peur qu’un homme. »

Finalement, c’est en partant à sa rencontre que Tamara apprend que l’hiver était fini : elle avait mené son projet à bout.

Des projets comme celui-ci, voués à disparaître ?

Si l’aventure en solitaire sur la banquise en tente plus d’un, bientôt, ils n’auront plus assez de place pour expérimenter la solitude et le bonheur d’un paysage sans personne aux alentours. Depuis trente ans, la surface de la banquise boréale, qui couvre tout l’océan arctique en hiver, diminue chaque année de presque 50,000 km2, soit quatre fois l’Île-de-France. Côté volume de glace, entre 1979 et 2020, la banquise a connu une baisse… de 325 % !

Une baisse dont Tamara a elle-même été témoin, et sur laquelle elle sensibilise. Si les humains ne diminuent pas leur production de CO2, d’ici 2100, la banquise aura sombré dans les océans, emportant avec elle phoques et ours polaires. Elle entraînera également la montée des eaux, avec une inévitable disparition de nos littoraux, et une déstabilisation de l’équilibre vital pour l’Homme.

Pour en savoir plus sur l’expédition et le parcours de Tamara, rendez-vous en haut de page dans l’émission Focus.