Convention républicaine: Paul Ryan tacle le bilan d'Obama
POLITIQUE•En oubliant un peu facilement son rôle de complice...Philippe Berry
De notre envoyé spécial à Tampa
Paul Ryan a fait le boulot. Mercredi soir, il a, avec un talent certain, démonté le bilan d'Obama point par point, en appuyant là où cela fait le plus mal: la dette et l'emploi. Quitte à passer sous silence sa contribution active par plusieurs votes-clés au Congrès.
«Un président, un mandat, 5.000 milliards de dette supplémentaires.» La formule mathématique est facile à retenir, et le jeune représentant du Wisconsin (42 ans) promet que Mitt Romney président fera «les choix difficiles» pour s'attaquer à une dette américaine flirtant avec les 16.000 milliards de dollars. «Il en va de l'avenir de nos enfants et des générations futures», jure Ryan.
Celui qui représente la jeune garde conservatrice du parti républicain oublie ses deux votes ayant contribué à alourdir la dette: le sauvetage de Wall Street décidé sous George W. Bush (700 milliards de dollars) et celui de l'industrie automobile sous Obama (85 milliards de dollars), très populaire dans son Etat du Wisconsin –qui a aussi largement profité du stimulus d'Obama pour relancer l'économie.
«Un manque de leadership à la Maison Blanche»
Ryan a ensuite enchaîné les bonnes lignes. «Le président Obama explique qu'il a mal communiqué sur certains points. Excuse me? Ce n'est pas une pénurie de discours qu'on a eue pendant quatre ans mais plutôt une pénurie de leadership.»
Si Ryan accuse Obama de n'avoir «rien fait» pour réduire les déficits, la Maison Blanche a aussitôt pointé vers un article du New York Times. Selon le quotidien, Paul Ryan a ordonné aux républicains de bloquer toute négociation avec les démocrates, estimant qu'un accord «faciliterait la réélection d'Obama».
Surfant sur le «we built it» (nous l'avons construit) devenu le cri de ralliement des entrepreneurs républicains, Ryan a gardé sa meilleure pique pour la fin: «Est-ce cela l'avenir avec Obama? Se contenter d'une vie planifiée par un gouvernement dans une société où tout est gratuit mais où nous ne sommes pas libres? («where everything is free but us», en VO)».
Le gendre idéal
Sur un plan plus personnel, Ryan a rendu un bel hommage à sa mère, son «role model», et espère que son père, qu'il a perdu jeune, est «fier de lui». Il a également mis en avant ses racines: il habite toujours dans son quartier natal et va toujours à la même église.
Son plus gros désaccord avec Mitt Romney? Pas la religion (même s'il est catholique et Romney Mormon) mais la musique. «J'ai dit à Mitt qu'il fallait changer sa playlist de meeting. La mienne va de ACDC à Zeppelin», a-t-il plaisanté. Il aime aussi Rage Against the Machine, même si le groupe a récemment rappelé que Mitt Romney et Paul Ryan représentaient «l'injustice sociale» contre laquelle il se bat.
Au final, son discours n'avait pas le «poids» de celui de Condie Rice, juste avant. Mais avec un dosage subtil d'attaques et d'optimisme, il a quitté la scène, en compagnie de sa femme et de leurs trois enfants sous les ovations. La salle était debout, chantant «USA, USA». A Romney de transformer l'essai lors de son discours, jeudi soir.