Telegram : Comment Pavel Durov est devenu français avec le soutien de l’Elysée
Telegram•Le patron de Telegram aurait bénéficié d’un suivi de près par la présidence de la République pour sa naturalisation françaiseA.D.
Malgré les alertes quant au fonctionnement opaque de Telegram, la demande de naturalisation française du russe Pavel Durov aurait été appuyée au plus haut niveau de l’administration, selon les informations révélées par la cellule d’investigation de Radio France.
Le fondateur de la messagerie chiffrée est mis en examen pour refus de communiquer certaines informations aux autorités. Plus globalement, il lui est reproché de ne pas faire suffisamment pour assurer la modération sur sa plateforme, notamment pour les contenus criminels qui y circulent.
« J’ai compris que ça venait de très haut »
Pavel Durov a passé un test de français dans les locaux de l’Alliance française de Dubaï, afin de valider son diplôme d’études en langue française, nécessaire pour obtenir la nationalité. Une source au sein de l’administration révèle que son inscription a été supervisée par le Consulat. « On nous a demandé quelles étaient les prochaines dates pour les tests de français. Mais on ne nous a pas donné tout de suite le nom de la personne concernée. […] J’ai senti qu’il y avait de la tension, de la pression. J’ai compris que ça venait de très haut. »
Et pour cause : la demande viendrait directement du président de la République, comme l’explique à la cellule d’investigation une source proche du dossier : « Emmanuel Macron avait rencontré le patron de Telegram, et il y avait la volonté des deux côtés qu’il acquière la nationalité française ». Le milliardaire obtiendra la nationalité française en août 2021.
Le ministère des Affaires étrangères aurait fait passer le message que le dossier « sera suivi au plus haut niveau, mais qu’il doit être traité dans le respect de la procédure ordinaire, sans passe-droit ».
Une application pourtant déjà controversée
Pourtant, et comme le souligne l’enquête, les alertes concernant la gestion de l’application par Pavel Durov existaient dès 2016. Le média cite l’exemple de Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur, qui visait l’application « avec qui les États n’ont aucun interlocuteur » après les attentats. Des reproches répétés la même année par le procureur de la République de Paris.
Le projet de loi contre les contenus haineux, portée par la députée La République en marche Laetitia Avia, ne s’attaque pas non plus à l’application. « À ce moment-là, […] je me dis aussi qu’on a de plus gros poissons à attraper comme Twitter, Facebook ou Instagram », explique l’ancienne députée auprès de Radio France. « Nous ne nous sommes pas donné les moyens de sanctionner Telegram ».