Autre eldoradoCes travailleurs migrants, déçus par la France, qui rêvent du Royaume-Uni

« Personne nous aide et nous défend »… Ces travailleurs migrants déçus par la France

Autre eldoradoUn marché du travail plus flexible et la prédominance de l’anglais incitent les travailleurs migrants, initialement arrivés en France, à partir au Royaume-Uni
Le marché du travail moins régulé et la langue anglaise attirent les travailleurs migrants d'abord arrivés en France.
Le marché du travail moins régulé et la langue anglaise attirent les travailleurs migrants d'abord arrivés en France. - Sameer Al-DOUMY / AFP
20 Minutes avec AFP

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«La livre sterling est forte, il y a moins de paperasse pour travailler et l’Anglais est universel », résume Samba, réfugié à Paris. Installé légalement en France, ce jeune travailleur « en galère » illustre le rêve d’un avenir meilleur au Royaume-Uni que caressent certains migrants.

Livreur cycliste à Paris, Samba qui a fui la Côte d’Ivoire il y a quatre ans a obtenu l’asile, mais « a besoin d’aller voir ailleurs ».

« le seul contact que j’ai eu avec l’administration française, c’est l’Urssaf »

« Ici c’est trop dur, personne nous aide et nous défend », déplore le jeune homme fatigué de sillonner les rues de Paris : « J’ai gagné à peine plus de 600 euros ce mois d’août et le seul contact que j’ai eu avec l’administration française, c’est l’Urssaf ». Le jeune homme a entrepris une demande de visa de travail pour le Royaume-Uni, un pays dont il ignore tout et où il n’a aucune famille. Mais il veut croire que le travail y sera plus facile : « là-bas on te recrute pour ton savoir-faire et tu as moins de paperasse, c’est concret ».

Il n’est pas le seul dans ce cas, assure Thomas Lacroix, directeur de recherche en géographie au CNRS : une fois obtenu le statut de réfugié, « beaucoup d’immigrés ont préféré quitter le pays d’Europe dans lequel ils attendaient pour rejoindre le Royaume-Uni parce qu’ils sont mieux acceptés ». Pour cela le demandeur doit produire un niveau d’anglais minimum et une offre d’emploi aux autorités britanniques qui promettent une réponse sous huit semaines.

Les motivations pour immigrer surpassent les restrictions imposées

Même si l’attribution des visas de travail et d’étude a été durcie, le pays continue de faire rêver. « Il y a un mélange de mythe et de réalité. Quoi qu’il arrive, les raisons pour lesquelles on immigre sont toujours plus fortes que les restrictions mises en place par les gouvernements », souligne Matthieu Tardis, co-directeur du centre de recherche Synergies migrations. En juillet, le gouvernement travailliste a annoncé un plan pour réduire le recours à la main-d’œuvre étrangère en améliorant la formation des jeunes Britanniques, alors que des secteurs entiers dépendent de l’immigration comme la santé ou le bâtiment. Malgré les promesses de contrôler davantage les arrivées avec le Brexit, l’immigration nette s’élevait à 685.000 personnes supplémentaires en 2023, selon les statistiques officielles, soit le deuxième niveau le plus élevé, après le record atteint l’année précédente (764.000 personnes).