« La calomnie fait peur à tout le monde »

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   Mads Mikkelsen fut Le Chiffre dans Casino Royale et Le Guerrier silencieux pour Nicholas Winding Refn, avant de devenir l'enseignant accusé de pédophilie dans La Chasse de Thomas Vinterberg, présenté dimanche. Il évoque pour nous ce film anxiogène qui a placé les festivaliers sous haute tension. 

   Comment expliquez-vous 

   que le film soit aussi angoissant ?
  Tout le monde a peur de la calomnie. Cet enseignant perd tout du jour au lendemain pour un acte qu'il n'a pas commis. Il s'agit d'une histoire avec un enfant, mais il aurait pu être question de drogue ou autre chose, car les gens sont facilement soupçonneux.
  Etait-ce un personnage lourd 

   à incarner ?
  Quand on pleure huit heures d'affilée pour une scène, on est crevé le soir. C'est physique ! Je rentrais chez moi sur les rotules, mais je ne suis pas du genre à me prendre la tête. Il suffisait d'une bonne bière pour que je ne pense plus au personnage. Je ne ressens pas le besoin de me torturer.
  Avez-vous effectué 

   des recherches préparatoires ?
  Le scénario me suffisait. Je considère mon travail d'acteur comme de la peinture. Une fois que j'ai compris le personnage, je l'incarne tout naturellement. Le processus est à la fois intellectuel et instinctif. Je prends du recul après chaque scène comme si je regardais un tableau pour en rectifier les différentes nuances.
  Ce film vous permet-il de casser votre image sexy ?
  La seule fois où j'ai eu l'impression d'être un sexe-symbole, c'est quand j'incarnais Stravinsky pour Jan Kounen [dans Coco Chanel & Igor Stravinsky, 2009]. Je me suis fait draguer dans le Marais et j'étais si concentré sur mon rôle que j'ai mis un moment à comprendre que ma moustache me faisait ressembler à Freddie Mercury.