Reportage chez Konexio, l'asso qui lutte contre l'illectronisme
société•L’association Konexio forme gratuitement aux compétences numériques pour lutter contre l’illectronismeRomane Pellen
L'essentiel
- Ce mardi 15 novembre 2022 est paru le deuxième numéro de 20 Mint, notre média consacré au Web3.
- Ce dernier a été élaboré en collaboration avec la communauté réunie sur le premier numéro.
- Il est consacré à l’inclusion ; que ce soit des personnes en situation de handicap, des femmes, ou encore des personnes éloignées du numérique.
Il est 18 heures passé dans les locaux de Konexio, situé dans le XXe arrondissement de Paris. Les derniers retardataires s’installent devant un ordinateur portable, prêté par cette association qui propose des programmes solidaires gratuits pour lutter contre l’exclusion numérique. L’ambiance est studieuse. « Bienvenue à cet atelier CV », s’exclament Omar Benbouza et Thibault Patrouillat. Tous deux bénévoles chez Global Shapers, ils animent l’atelier de ce mardi 25 octobre. L’objectif du jour : construire un CV en adéquation avec les besoins d’un employeur.
Trois niveaux DigitAll
« Est-ce que ça va ? », s’enquiert Omar Benbouza auprès d’un jeune assis au premier rang. Ibrahima Cissé a 18 ans. Il ne sait pas par quel bout commencer son CV. Originaire de Guinée, il vient d’arriver en France. C’est l’association Aurore, qui lutte contre l’exclusion sociale, qui l’a orienté vers Konexio. « Je rêvais de me former à l’informatique au pays, mais je n’ai pas eu le temps », explique le jeune demandeur d’asile.
Il y a encore quelques mois, il ne s’était jamais servi d’un ordinateur. Après avoir suivi les vingt heures du programme DigitAll débutant – le premier des trois niveaux proposés par Konexio – il connaît désormais les bases de la bureautique, sait utiliser Word ou encore naviguer sur Internet. « C’est comme une nouvelle vie ! », se réjouit Ibrahima qui devrait débuter, sans tarder, le programme DigitAll Intermédiaire.
« Une nouvelle langue »
Comme lui, 43,8 % des apprenants sont des personnes réfugiées ou demandeuses d’asile. « Leur environnement familial fait qu’ils n’ont pas été immergés tôt dans le numérique », constate Taninna Portebos. Responsable des programmes solidaires, elle compare la découverte des fonctionnalités numériques à « l’apprentissage d’une nouvelle langue ». Ça prend du temps, mais l’assiduité finit par payer.
Installé au quatrième rang, Mamadou Gandega, 31 ans, en est l’illustration parfaite. Dès trois niveaux DigitAll au programme d’initiation au code DigiStart, ce réfugié mauritanien a réalisé toutes les formations possibles chez Konexio et se forme aujourd’hui à Simplon.co, à Aulnay-Sous-Bois, dans l’espoir de devenir développeur web. Tous les apprenants n’ont pas cette ambition. Sur les bancs de l’association, différents profils se côtoient : des adultes bloqués dans des démarches digitalisées personnelles ou professionnelles, mais aussi des jeunes. « Beaucoup sont nés avec le digital et les réseaux sociaux, observe Taninna Portebos. Mais quand il faut s’inscrire sur Pôle Emploi, il n’y a plus personne ». Preuve que l’exclusion numérique n’a pas d’âge.