méta-artAprès la rue, John Hamon s’attaque au Web3

John Hamon, ou la promotion de l’art partout et pour tous

méta-artDans la rue ou le métavers, tous les moyens sont bons pour contourner l’autorité des institutions culturelles et rendre l’art accessible
John Hamon, c'est un visage familier, mais aussi plusieurs projets en lien avec le Web3, comme un pied de nez aux institutions qui ont rejeté ses oeuvres.
John Hamon, c'est un visage familier, mais aussi plusieurs projets en lien avec le Web3, comme un pied de nez aux institutions qui ont rejeté ses oeuvres.  - John Hamon
Héloïse Pons

Héloïse Pons

L'essentiel

  • Ce mardi 15 novembre 2022 est paru le deuxième numéro de 20 Mint, notre média consacré au Web3.
  • Ce dernier a été élaboré en collaboration avec la communauté réunie sur le premier numéro.
  • Il est consacré à l’inclusion ; que ce soit des personnes en situation de handicap, des femmes, ou encore des personnes éloignées du numérique.

C’est un inconnu familier. Depuis vingt-deux ans, John Hamon placarde dans les grandes villes de France et du monde le même portrait de lui, cheveux en bataille et sourire espiègle au visage. S’il n’a plus la mine enfantine de cette photo prise quand il avait 17 ans, le crédo du street artist reste le même : « C’est la promotion qui fait l’artiste, ou le degré zéro de l’art. » Grâce à ses affiches et ses projections sur la Tour Eiffel ou l’Arc de Triomphe, il a trouvé son public. Mais le fondateur de « l’art promotionnel » demeure un paria aux yeux des institutions culturelles. « J’ai toujours senti une forme de rejet, voire de censure de mon travail dans le monde de l’art officiel, regrette-t-il. Faute d’y entrer, j’ai réalisé des projections sur le Centre Pompidou ou le Palais de Tokyo, et on ne se gênait pas pour envoyer les services de sécurité ou interrompre mes performances ».

Qu’à cela ne tienne : quand les musées dans le réel lui ferment leurs portes, John Hamon emprunte la voie virtuelle. « Il faut rendre l’art aux artistes, et j’ai vu dans la philosophie décentralisatrice du Web3 un moyen d’y parvenir ». En 2017, le street artist découvre Decentraland, un monde 3D créé par Ari Meilich et Esteban Ordano. Les joueurs y acquièrent des parcelles de terrain sous forme de NFT, sur lesquelles ils peuvent construire des projets collaboratifs. Quand John Hamon y repère Museum District, « le premier musée virtuel créé dans un Métavers », il s’y investit tout de suite. « C’est une opportunité de se défaire des institutions pyramidales. Les artistes s’approprient les espaces plus librement, sans attendre l’approbation d’une galerie ou d’un musée pour exister ».

L’art contemporain est mort, vive les NFT !

Depuis, l’artiste a attrapé le virus des NFT, un autre moyen pour lui de donner à voir son travail à un plus large public. « Depuis le départ, quand j’utilise l’espace urbain, ma volonté est de rendre l’art le plus accessible possible, rappelle-t-il. Dans les métavers, il se passe la même chose : une fois connecté, tout le monde peut accéder aux expositions et événements librement ». En 2020, il lance la Hamoney, une collection de 5.000 billets de zéro euro à son effigie, portée par une phrase de Voltaire : « La monnaie papier finit toujours par retourner à sa valeur intrinsèque, c’est-à-dire zéro ». Derrière le projet se cache une volonté de démocratisation de la blockchain. « Je voulais partir d’un objet physique, un billet numéroté, enregistré sur la blockchain ethereum, qui permettra bientôt à son propriétaire d’obtenir l’équivalent dans ma monnaie crypto pour accéder à mes œuvres en NFT », précise John Hamon.

Depuis l’été 2022, il collabore aussi avec Nouns, « un projet créé par Punk4156 en 2021, qui vise à créer un NFT – un Nouns – par jour tous les jours et pour toujours », explique Coral Orca, l’un des porteurs de l’initiative, à 20 Mint. Dans leur DAO (organisation autonome décentralisée), tous les propriétaires de Nouns regroupent leur argent dans une trésorerie commune et votent pour ou contre le financement des projets qui leur sont soumis. Le projet de John Hamon, placarder 1.000 affiches de lui avec les lunettes pixelisées emblématiques des Nouns, a remporté tous les suffrages : 157 votes sur 157. « Placer notre symbole sur ce visage familier est une guérilla marketing, ça permet de propager les Nouns dans de nouvelles sphères », ajoute Coral Orca.

Pour le street artist, le Web3 ouvre une nouvelle ère de l’histoire de l’art. En témoigne sa campagne « John Hamon killed contemporary art », en 2021, lors de laquelle il a exposé un cercueil devant les grandes institutions du genre (le Centre Pompidou, le Palais de Tokyo et la Fondation Louis Vuitton). « Comme l’art moderne, l’art contemporain est une période historique, pas une norme à laquelle se soumettre si on veut exister en tant qu’artiste, conclut John Hamon. Il faut y mettre fin pour avancer. On ne sait pas comment s’appellera l’ère à venir, mais elle sera liée aux NFT et à la blockchain, et c’est pour ça qu’il est essentiel d’emmener dès aujourd’hui le plus de gens possible dans ces nouveaux écosystèmes ». Le projet 20 Mint est précisément là pour ça !