Aux débuts de Google, c'était «Dis moi ce que tu cherches et je trouverai peut-être une pub qui t'intéressera». Aujourd'hui, c'est plutôt «Dis moi qui tu es, ce que tu aimes, où tu te trouves, et je te trouverai une promo imbattable à proximité». Avec Facebook Lieux (Places) et Skyrock Spot qui débarquent dans l'Hexagone, la France va-t-elle se mettre au check-in? Peut-être.

La géolocalisation pour quoi faire?

Contrairement à ce que pensent les théoriciens du complot, il ne s'agit pas de jouer les Big Brothers d'un côté et les exhibitionnistes de l'autre. Des startups comme FourSquare et Gowalla ont montré la voie en créant un écosystème social et commercial d'un genre nouveau. Le principe est simple: le GPS présent dans tout smartphone permet d'indiquer à ses amis où l'on se trouve en un clic. Apéro au coin de la rue, concert de dernière minute, découverte d'un nouveau petit resto... La géolocalisation rend le partage ludique et pratique. Surtout, elle permet de créer des «city guides» sociaux, chaque visiteur pouvant facilement donner son avis sur un bar ou un musée, sans devoir prendre la peine de se connecter à un site spécialisé et de trouver la bonne adresse.

Quel intérêt pour Facebook et les autres?

Facebook disposait déjà de l'identité et des centres d'intérêts de ses membres. Avec Lieux, le réseau social ajoute la 3e dimension ultime pour la triangulation publicitaire: l'emplacement. Facebook va pouvoir facturer de juteuses réclames ciblées aux annonceurs. Google, avec le lancement de son service de pub mobile «hyper locale», est également sur le pont et affiche la distance exacte jusqu'à la boutique de l'annonceur. Outre ce web-marketing classique, les commerces peuvent tirer profit de la géolocalisation: aux Etats-Unis, un client de Starbuck qui «check in» régulièrement bénéficie de promotions, idem pour un usager des transports en commun à San Francisco.

Authentification

La géolocalisation peut également aider à authentifier des témoignages. Lors des manifestations en Iran par exemple, il était parfois difficile de savoir si un témoin-internaute était bien sur place. Dans de telles situations, l'anonymat géographique peut garantir la sécurité. Pour les city guides, en revanche, le couple géolocalisation + réseau social permet de lutter contre le spam et les fausses critiques (écrites par un concurrent qui a simplement créé de faux comptes, par exemple).

Et la vie privée?

Beaucoup appellent à «un droit à l'oubli» et s'inquiètent de voir notre localisation non seulement partagée, mais également archivée. D'autres citent en exemple les cambriolages 2.0 effectués en surveillant les réseaux sociaux. Comme souvent, il s'agit avant tout d'éducation. Aucun service ne se risque à espionner l'utilisateur: tous demandent son autorisation. A chacun d'apprendre à en faire bon usage.