Législatives: Les multiples vies de Mickaël Nogal, nouveau député de Toulouse à 26 ans
PORTRAIT•Mickaël Nogal fait partie des benjamins de l’Assemblée nationale. A 26 ans, le Toulousain a déjà vécu plusieurs vies avant de devenir un pur produit du macronisme…Hélène Ménal
L'essentiel
- Mickaël Nogal, 26 ans, est devenu dimanche député de la 4e circonscription de la Haute-Garonne.
- Il a milité pour DSK et commencé comme attaché parlementaire d’un député socialiste
- Il est hyperactif mais aussi hyperréfléchi
La roue tourne. Il y a pile cinq ans Mickaël Nogal découvrait les coulisses du Palais-Bourbon en tant qu’attaché parlementaire du député socialiste Christophe Borgel. Aujourd’hui, ce dernier fait ses cartons et c’est son éphémère assistant qui, à 26 ans, rentre par la grande porte.
Cet hyperactif, toujours bien mis, est devenu dimanche soir, à l’issue d’une soirée très stressante, le député de la 4e circonscription de la Haute-Garonne, qui comprend les quartiers populaires du Mirail.
Dans l’univers macronien « et droite et gauche », Mickaël Nogal part de la gauche. Il est rentré au Mouvement des jeunes socialistes (MJS) à 16 ans au moment du CPE. « Mais j’étais strausskannien, ultra-minoritaire. Et j’ai donc vraiment l’habitude d’être traité de mec de droite », confie celui qui a pris sa « première claque politique avec le Sofitel ». Il s’apprêtait à tout donner pour DSK. Il a fait campagne pour Hollande. Sans conviction.
« « J’étais strausskannien, ultra-minoritaire. Et j’ai donc vraiment l’habitude d’être traité de mec de droite » »
Son CV dans les cinq ans qui ont suivi donnerait le tournis à un acrobate : attaché parlementaire durant six mois donc, étudiant puis diplômé en master communication, stagiaire, super-stagiaire, pigiste culture dans la presse toulousaine, chargé du protocole au Pavillon français à l’Exposition universelle de Milan puis responsable des relations institutionnelles d’Orangina.
Un dernier poste qui le transforme en « lobbyiste » pour ses adversaires politiques. « J’assume absolument tout ce que j’ai fait, je connais les deux côtés de la barrière », répond-il.
« « Il m’est arrivé d’être en stage la journée, de travailler au McDo le soir et au cinéma de Blagnac le week-end. Je crois que ça fait de moi un vrai spécialiste du contrat de travail » »
Sauter de boulot en boulot, en mener plusieurs de front, il connaît. Car ce Franco-Espagnol, fier de sa double nationalité, est issu d’un milieu modeste - père ouvrier, mère employée de restauration scolaire dans l’Ouest toulousain - et il a dû se payer ses études. « Il m’est arrivé d’être en stage la journée, de travailler au McDo le soir et au cinéma de Blagnac le week-end. Je crois que ça fait de moi un vrai spécialiste du contrat de travail », plaisante-t-il.
Il est aussi spécialisé dans la Macronie. En tant que pionnier. Il a rencontré Emmanuel Macron en septembre 2014 par le biais d’un ami qui travaillait à Bercy. « J’ai aimé sa vision pragmatique et progressiste des choses », dit le Toulousain qui va contribuer à la création Jeunes avec Macron avant d’être désigné deux ans plus tard référent départemental d'En Marche dans le Haute-Garonne.
Il aime garder le contrôle
Un de ces jeunes tout feu tout flamme ? Pas vraiment. « Il n’est pas impulsif. Plutôt extrêmement posé, il pèse ses mots, remet tout en perspective avant de parler », souligne Franck Ménigou, un ami de cinq ans, qui a fait office de community manager pour les législatives. Il se rappelle encore du jeune stagiaire, « étonnant de maturité », qui s’incrustait dans son bureau de Toulouse Métropole pour poser tout un tas de questions.
Mickaël Nogal s’informe pour mieux gérer. « Il aime contrôler son image et se contrôler lui-même », reconnaît Marie-Claire Constans, sa suppléante, qui s’est habituée à l’exigence et au pointillisme de son cadet. Elle a aussi appris à connaître les pudeurs d’un garçon viscéralement attaché à sa famille.
En soirée, il mange tout, boit très peu et finit une manette à la main à planter des buts à la dernière seconde sur Fifa 2017. Il s’accroche jusqu’au bout, comme toujours. C’est ce qu’il fera dans son nouveau métier. Un CDD de cinq ans. « Je ne compte pas être député pendant 20 ans, assure-t-il. Je n’ai pas peur du vide. »