AZF: 14 ans après, l'absence de vérité judiciaire entretient les tensions
SOCIETE•Les Toulousains se sont recueillis en mémoire des 31 victimes de l’explosion d’AZF, alors que la justice n’a toujours pas achevé son travail…Hélène Ménal
Quatorze ans après la terrible explosion qui a secoué Toulouse, les cérémonies du souvenir se suivent et se ressemblent sur le site d’AZF. Toujours ce ciel bleu, comme le 21 septembre 2001, toujours cette ribambelle d’élus qui jouent les équilibristes entre deux peines, deux rancœurs, et deux cérémonies.
« Sans doute nous souviendrons-nous toute notre vie de ce que nous faisions et où nous étions ce 21 septembre 2001 à 10h17 #AZF #Toulouse — MarieAgnès Gandrieau (@mgandrieau) September 21, 2015 »
Celle des ex-salariés de l’association AZF-Mémoire et Solidarité, toujours convaincus que l’industriel n’est pour rien dans la catastrophe, et celle, plus neutre, organisée par la mairie. L’ambiance et polie et recueillie mais il y a toujours cette hostilité silencieuse, cette impression de bras de fer, qui flotte dans l’air. Elle était d’autant plus perceptible cette année après que la Cour de cassation a remis les compteurs à zéro et renvoyé les deux camps dos à dos en ordonnant un nouveau procès en appel.
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« On pense aux victimes de #AZF #Toulouse #Onpenseavous — Christopher M-G (@Chris_montlouis) September 21, 2015 »
Du coup, chacun laboure son terrain. « Nous continuons à solliciter de nouveaux témoignages », a lancé au micro Jacques Mignard, le président d’AZF-Mémoire et Solidarité. L’ex-syndicaliste pense en effet « qu’il y a des gens qui ont des choses à dire et qui, 14 ans après, auront retrouvé une certaine liberté de parole ». Une théorie qui a le don de hérisser les autres parties civiles. « Tous les témoins ont été entendus, pas une fois mais dix fois, s’agace Stella Bisseuil, l’avocate de l’Association de familles endeuillées. Ce déni des ex-salariés, compréhensible sous le coup de traumatisme, est aujourd’hui encouragé par Total ».
« « Je n’arrive pas à m’y faire. Cette gerbe de Total me donne la gerbe » »
Les représentants de l’industriel ont eux aussi déposé leur gerbe. Sans essuyer de quolibet. Mais ils n’ont pas échappé aux commentaires acerbes. « Je n’arrive pas à m’y faire. Cette gerbe de Total me donne la gerbe », a notamment lâché Gérard Onesta (EELV), tête de liste écologiste pour les élections régionales.