Cour des comptes: Les stations des Pyrénées doivent remonter la pente et vite
ECONOMIE•Selon un rapport publié ce mercredi, l'état des finances de certains domaines skiables serait inquiétant...Béatrice Colin
Si les stations de ski des Pyrénées continuent comme ça, elles vont droit dans le mur. Tout schuss.
C'est en substance le message délivré ce mercredi matin par la Cour des comptes. En 2013 et 2014, ses antennes régionales de Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon ont mené une enquête sur l'état des finances d'une vingtaine de domaines skiables du massif. Avec un constat lapidaire en sous-titre du rapport : «un redressement nécessaire, des choix inévitables».
Baisse de fréquentation, hausse des forfaits
«Les stations doivent faire face à une érosion continue de leur fréquentation, entre 2004 et 2013 elle a chuté de 15%», note Jean Mottes le président de la chambre régionale des comptes. Les 28 stations de ski alpin ouvertes captent seulement 10% des parts marché du ski en France.
Et elles sont soumises d'une année sur l'autre aux aléas climatiques avec parfois des saisons amputées d'un mois lorsque la neige n'est pas au rendez-vous. Mais aussi à des difficultés d'accès.
Une tendance qui ne risque pas de s'améliorer dans les années à venir puisque Météo France a annoncé une hausse des températures de 1 à 1,4°C d'ici 15 ans. Ce qui ne risque pas d'arranger la situation des très petites stations comme Camurac, dans l'Aude, qui a ouvert «moins de 25 jours en trois saisons»
Le chiffre d'affaires des domaines est donc instable, mais lorsqu'il augmente, c'est «davantage lié à la progression du prix moyen du forfait des remontées mécaniques qu'à une augmentation de la fréquentation», relève les magistrats financiers.
Dettes et investissements
«Si huit stations tirent leur épingle du jeu, les deux tiers sont dans une situation financière fragile et les finances publiques locales fortement sollicitées», relève Jean Mottes.
Si les indicateurs sont plutôt au vert au Grand Tourmalet, ce n'est pas le cas à Luz-Ardiden, une station pour laquelle la chambre régionale des comptes s'est interrogée en septembre dernier dans un rapport «sur la poursuite de l'activité compte tenu de sa situation financière délicate».
Aux Angles, pour continuer à être concurrentiel, des investissements ont été faits. Du coup, la commune se retrouve avec une ardoise de 30 millions d'euros, soit une dette par habitant supérieure à 50.000 euros, quand la dette publique française pèse à hauteur de 30.000 euros sur la tête de chaque Français.
Parfois, dans des cas extrêmes comme celui de la station du Puigmal, ces dettes poussent à la fermeture de la station.
L'union fera la force
Pourtant la Cour des comptes ne préconise pas l'arrêt des investissements mais leur meilleur dimensionnement car ces structures ont un impact social et économique important sur les vallées : 10.000 emplois et un chiffre d'affaires de 100 millions d'euros.
Elle prône un regroupement des stations avec l'adossement des petites aux grandes comme l'ont fait Ascou-Pailheres et Ax. Mais aussi le regroupement et la mutualisation comme l'ont fait stations N'Py qui grâce à des commandes groupées, comme ce fut le cas pour les dameuses, font des économies.
Pour y parvenir, la Cour recommande l'élaboration d'un projet de territoire, avec un investissement plus marqué des départements et des régions.