Cap sur le continent-déchet
Environnement Une mission part à l'abordage des ordures plastiquesHélène Ménal
L'expédition partira le 5 mai des Caraïbes. Elle mettra le cap sur l'Atlantique Nord, via le Triangle des Bermudes, pour accoster le mystérieux «Septième Continent». Rien à voir avec un film d'aventure. Il s'agit d'une vraie mission scientifique, guidée depuis Toulouse, et la destination en question fait partie des découvertes dont on se serait bien passé. Il s'agit d'un continent de pollution, grand comme six fois la France, d'un immense concentré de déchets plastiques, regroupés là au gré des courants marins. Près de 80 % de cette pollution est d'origine terrestre, du sac jeté sur la plage à la bouteille d'eau lancée dans la Garonne.
Scientifiques à bord
L'explorateur Patrick Dexionne, qui a croisé ses premières ordures en plastique lorsqu'il a traversé l'Atlantique à la rame en 2009, veut absolument ouvrir les yeux du grand public et sensibiliser le monde scientifique à «ce phénomène» moins en vogue que le réchauffement climatique, mais tout aussi inquiétant. Navigateur chevronné, il conduira cette expédition de 17 jours et embarquera à son bord trois chercheurs. Car le Cnes* et le CNRS ont mordu à l'hameçon de cette plongée dans la fameuse «soupe de plastique», parfois sous-marine, et donc impossible à cartographier par satellite. Mercator Ocean, le centre français d'analyses et de prévision océanique, basé à Ramonville, est aussi de l'aventure. «Nous avons fait une simulation informatique qui lâche des particules dans l'océan et les suit durant dix ans», explique Patrice Messal, chef de projet chez Mercator. Il fournira les cartes au Cnes qui guidera l'expédition à distance. Une fois sur zone, des bouées bardées d'instruments seront lâchées. Elles analyseront la teneur des déchets, leur densité mais aussi leur impact sur le milieu marin. Il existe d'autres «gyres», d'autres vortex de déchets sur la planète. Patrick Dexionne a décidé de tous les accoster d'ici à 2017.