«L'affaire Villemin» accuse la presse sur France 3
Un film pour sortir du romanesque. « L'affaire Villemin », série de six épisodes annoncée pour la rentrée sur France 3, relate bien plus qu'un fait divers. En l'occurrence, l'assassinat, toujours inexpliqué, de Grégory, quatre ans, retrouvé le 16 oct...©2006 20 minutes
Un film pour sortir du romanesque. « L'affaire Villemin », série de six épisodes annoncée pour la rentrée sur France 3, relate bien plus qu'un fait divers. En l'occurrence, l'assassinat, toujours inexpliqué, de Grégory, quatre ans, retrouvé le 16 octobre 1984 dans la Vologne, une rivière des Vosges. « Nous avons voulu établir la radiographie complète d'une histoire traitée par la presse comme un feuilleton, nécessitant un rebondissement par jour », explique le réalisateur Raoul Peck. Le film s'ouvre sur un cliché repris par tous les médias en 1984 : le corps de l'enfant, sans vie, dans les bras d'un gendarme. Cinq heures de fiction décortiquent ensuite la mécanique d'un des plus grands fiascos judiciaire et médiatique du xxe siècle.
Inspirée du livre Le Bûcher des innocents, de Laurence Lacour, reporter pour Europe 1 à l'époque, la série montre à la fois les « unes » sensationnalistes des années 1980 et leur envers : la « meute » des journalistes à l'affût d'une révélation, fût-elle fausse. « Les reporters passaient leur temps à courser les gendarmes. C'était Tintin en direct de la Vologne », analyse Constance Dollé, interprète du rôle de Laurence Lacour. Le tutoiement entre le couple Villemin et l'envoyé spécial de Paris Match, l'influence sur les enquêteurs de « Cassini », chroniqueur de RTL... Plus d'un tiers du scénario est consacré aux manquements de la presse, scindée entre les « pros » Christine Villemin et les « anti », qui l'accusaient d'infanticide.
Manichéisme aggravé ? « La fiction est en dessous de la réalité, assure Laurence Lacour. C'était une guerre de tranchées, chacun a choisi son camp et est resté sur ses positions. » Raoul Peck et son scénariste Pascal Bonitzer se défendent d'« entretenir cette polarisation, qui a brouillé la compréhension de l'affaire. Au contraire, nous souhaitons lancer le débat sur la réforme de la justice et les méthodes des journalistes ». En 1993, déjà, le jugement de Jean-Marie Villemin pour le meurtre de Bernard Laroche, un moment soupçonné du crime, avait donné lieu à une autocritique d'une partie de la profession. Dix ans plus tard, éclatait le scandale d'Outreau.
Christel Brigaudeau