Charles Biétry: «Je voudrais qu'on aille au contact de la société, qu'on rencontre le petit boxeur dans son coin»
TÉLÉVISION•1er juin débutera la diffusion de la chaîne BeIN Sport. «20 Minutes» a rencontré son directeur...Recueilli par Alice Coffin
A quelques jours du lancement de la chaîne sportive BeIN Sport, «20 Minutes» s'est entretenu avec Charles Biétry, directeur des chaînes françaises d'Al-Jazira Sport.
Comment avez-vous été amené à travailler pour BeIN Sport?
J’étais dans un restaurant, j’avais fini ma purée et mon poulet, et Nasser Al-Khelaifi est venu m’aborder.
Vous le connaissiez?
Si en temps que personne qui s’intéresse au sport et à la télévision, on ne connaît pas le patron d’Al-Jazira Sport, il y a un problème! Je n’ai pas hésité, il m’a juste demandé si ça me posait un problème politique, vu qu’il y a un certain nombre de gens qui confondent Al-Jazira avec d’autres chaînes. J’ai bien sûr dit que je ne voyais pas le souci.
Des problèmes, c'est-à-dire, des opinions racistes qu’auraient les gens?
Evidemment.
Ça ne vous a pas gêné par rapport à Canal+ d’accepter cette proposition?
Je rappelle que ça fait plus de treize ans que j’ai quitté Canal. Et puis je n’ai pas du tout l’impression de passer à la concurrence, ce sont les médias qui nous enferment là-dedans. Canal+ est une chaîne formidable mais qui n’est pas une chaîne premium de sport.
Au-delà de Canal+, il y a déjà plein d’autres chaînes sport?
Oui mais j’ai toujours pensé qu’il y avait de la place pour autre chose, et une marge énorme de progression dans la manière dont on traite le sport à a la télé. En 1984 Canal+ a fait faire un beau saut au sport à la télé mais il y a encore beaucoup à faire.
Oui, vous avez parlé d’avoir une approche plus sociale. Ça veut dire quoi?
La société est devenue agressive, et le sport à la télé suit cette dérive. Dans la mesure de nos possibilités, car on n'a pas les moyens d’un gouvernement, j’aimerais qu’on contribue à endiguer cette vague d’agressivité, qu’on sente qu’il y a du plaisir, qu’on parle valeurs, vertus et pas toujours combat ou guerre. Je voudrais qu’on aille au contact de la société, qu’on rencontre le petit boxeur dans son coin, de l’humain !
Mais depuis le temps que tout le monde se lamente sur la perte des vraies valeurs dans le sport, ce n'est pas un peu tard?
Non, mais on n'est pas des missionnaires ni l’Abbé Pierre non plus. Mais ce qui sûr c’est que si on accepte le diktat de l’agressivité, on ne reviendra pas à ces valeurs-là.