Patrick Sébastien : «En ouvrant ma gueule, je peux aussi m'écrouler»

Patrick Sébastien : «En ouvrant ma gueule, je peux aussi m'écrouler»

Interview de Patrick Sébastien, producteur et animateur
©2006 20 minutes

©2006 20 minutes

Interview de Patrick Sébastien, producteur et animateur

Vous présidez le jury d'« Intime conviction » sur France 2. Quel est le concept ?

Un mélange de « Columbo » et du Cluedo. Une vedette, Lio pour la première, est accusée de meurtre. Une mini-fiction reconstitue les faits. Puis elle est jugée par un tribunal. J'avais déjà tourné un pilote il y a dix ans. France 2 diffusera quatre épisodes, et plus si le public accroche.

Vous n'êtes pas, comme d'autres animateurs- producteurs, dans le collimateur du groupe public ?

Non. Je ferai quatre « Télé de Sébastien » cet été et « Le plus grand cabaret du monde » sera encore à l'antenne pendant deux ans. Parce que l'audience suit. Il est normal que Patrick de Carolis ait demandé à certains qui n'atteignaient pas les 15 % de parts de marché de revoir leurs contrats à la baisse.

Tenté d'aller voir ailleurs ?

Jamais ! Je ne quitterai plus le service public. Je publie prochainement Putain d'audience (éd. Florent Massot). Un livre contre le pouvoir hallucinant de la télé, et en particulier de TF1. Je n'aurais jamais pu faire « Intime conviction » sur cette chaîne, Endemol m'aurait déjà demandé combien ça rapporte ! Sans parler de leurs programmes qui font bouffer des vers aux candidats dans des pays où on crève de faim. Ils se foutent de la dignité des gens. Pour faire du fric.

Vous risquez de vous mettre à dos une partie du PAF...

Possible. Mes collègues écrivent souvent des bouquins quand ils ne bossent plus. Mais j'en ai marre que tout le monde ferme sa gueule. Par crainte de ne pas vendre leurs DVD, les humoristes font des sketchs sur les aspirateurs ou les cuisinières ! Moi ça ne me gêne pas d'écrire que Sarkozy ne pense qu'au pouvoir et utilise l'outil médiatique. Le système politique, c'est devenu la « Star Ac' ». Les élus sont deux fois par jour à la télé. En gros, on va voter entre Jean-Pascal et Jenifer.

Pourquoi vous cantonner à un registre léger ?

Je propose quand même des concepts qui vantent le mélange, l'humanisme. Ceci dit, je ne suis soutenu par personne dans les médias. Et en ouvrant ma gueule, je peux aussi m'écrouler. Depuis vingt-cinq ans le public me porte, mais ça peut tourner. Je prends la vie comme un jeu. L'important est de pouvoir se regarder dans une glace.

Recueilli par Alice Coffin