Les Britanniques, rois de la fiction du réel

Les Britanniques, rois de la fiction du réel

Scandales politico-médiatiques, prostitution, affrontements en Irlande du Nord... En France, ces sujets n’alimentent que le sommaire des JT. Au Royaume-Uni, ils sont également la colonne vertébrale des fictions, promptes à fouiller les recoins les plus so
© 20 minutes

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Scandales politico-médiatiques, prostitution, affrontements en Irlande du Nord... En France, ces sujets n’alimentent que le sommaire des JT. Au Royaume-Uni, ils sont également la colonne vertébrale des fictions, promptes à fouiller les recoins les plus sombres de la société. Promptes aussi à déferler sur nos écrans. Hier soir, Arte diffusait Violences à Holy Cross, téléfilm de la BBC rejouant l’affrontement entre catholiques et protestants à Belfast. Demain, sur Canal+, débute State of Play. Trois jours plus tard, la chaîne cryptée récidivera avec Sex Traffic. Produit par Channel 4, ce téléfilm est une plongée glaçante dans les réseaux de prostitution est-européens. « Toutes ces “pépites” s’appuient sur de longues enquêtes pour s’assurer que les scénarios collent à la réalité, assure François Sauvagnargues, directeur de l’unité de fiction d’Arte. Le 24 juin, nous en témoignerons encore avec L’Affaire David Kelly, qui revient sur le suicide de cet expert anglais en armes de destruction massive. » Son réalisateur, Peter Kosminsky, est, entre autres, auteur de Warriors (1999) et des Années Tony Blair (2002). « Dans les téléfilms et les séries britanniques, mêler pédagogie et dénonciation sociale en s’ancrant dans l’actualité est une tradition, confirme Martin Winckler, fin connaisseur du genre. En France, les chaînes préfèrent les gentils justiciers qui évitent au public de réfléchir. » Les raisons de ce fossé ? « La BBC est totalement indépendante du pouvoir politique, et du coup, ses concurrentes privées sont obligées d’aller aussi loin qu’elle », explique Maurice Frydman, créateur des Rencontres internationales de télévision de Reims. « Et tous les cinéastes anglais, Mike Leigh et Stephen Frears en tête, ont débuté par la télé et y reviennent régulièrement. » Ainsi, David Yates, réalisateur de Sex Traffic, dirige le cinquième Harry Potter. Les Britanniques ne fabriquent bien sûr pas que des merveilles. Mais les idées originales et les jeunes auteurs ont bien plus de chances de percer. Un signe : la Grande-Bretagne produit 2 000 heures de fiction par an, contre 700 heures en France. D. Israel