SÉRIE TV«Crazy Ex-Girlfriend»: «Le sexe est une source d'humour inépuisable»

Rachel Bloom de «Crazy Ex-Girlfriend»: «Le sexe est une source d'inspiration et d'humour inépuisable»

SÉRIE TVDimanche soir se joue un grand moment de télévision, le lancement de la série musicale «Crazy Ex-Girlfirend» sur Téva, avec l'hilarante et passionnante Rachel Bloom...
Vincent Jule

Propos recueillis par Vincent Jule

Ne cherchez plus, vous ne trouverez pas meilleure contre-programmation à la soirée présidentielle de ce dimanche 23 avril. Après avoir voté, et jeté un œil aux résultats, zappez dès 20h45 sur Téva pour découvrirCrazy Ex-Girlfriend, l’une des meilleures séries du moment, et assurément la plus musicale et la plus délirante.

A l’instar de Girls de Lena Dunham, Crazy Ex-Girlfriend est à l’image de sa co-créatrice et actrice principale, Rachel Bloom, une jeune femme de 30 ans, qui n’a pas peur de dynamiter les clichés sur les femmes, l’amour, le sexe, et de mettre à nu ses sentiments. En chansons. Elle a aussi donné de la voix pour 20 Minutes, le temps d’une interview.

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Lena Dunham a raconté que pour convaincre HBO de prendre Girls, elle leur a « juste » envoyé un mémo. Et vous pour Crazy Ex-Girlfriend ?

Rien d’aussi dingue. Avec ma coauteure, Aline Brosh McKenna, nous avons pitché le show à huit chaines différentes, et Showtime l’a signé. Nous avons donc écrit et tourné un pilote, mais ils ont décidé de ne pas poursuivre. Le seul réconfort était que nous avions un pilote à montrer. The CW l’a aimé et quasiment diffusé tel quel, à 85 %. Il a fallu changer un acteur qui n’était plus disponible, et remplacer une scène de branlette et de fellation par une coucherie, un câlin. En effet, impossible de montrer la même chose sur Showtime, chaîne payante, et sur CW, chaîne grand public.

Girls, Broad City, Fleabag, Crazy Ex-Girlfriend… Il y a de plus en plus de jeunes femmes à la fois créatrices et actrices de leur propre série.

Je ne sais pas ce qu’il se passe, mais c’est formidable. Pour l’anecdote, j’ai vécu en colocation avec Ilana Glazer de Broad City à New York, juste après la fac. En fait, la télévision rattrape son retard sur ce qui se passait déjà dans les théâtres et les clubs de stand-up. A savoir l’accomplissement de femmes en tant qu’artistes complètes. Et devenir des manifestes. Les networks permettent enfin de le faire, en prime time.

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Le retour de la comédie musicale, et donc de La La Land, c’est un peu grâce à vous ?

Je ne sais pas, mais je prends, merci. (rires) Je sais en revanche que Damien Chazelle est fan de la série, et moi de ses films. Nos deux approches sont différentes, mais oui, nous nous soutenons réciproquement, nous tenons tous les deux le fort de la comédie musicale originale.

Pourquoi avoir choisi la comédie musicale, les chansons ?

Les chansons sont l’une des formes de récit les plus efficaces, que ce soit pour l’humour, l’histoire ou les personnages. Chaque chanson devient un « statement », un essai. Dès l’origine de la série, c’était prévu, c’est d’ailleurs grâce à mes vidéos sur Youtube [dont Fuck Me, Ray Bradbury en 2010] que ma coscénariste m’a trouvée.

Car il y a peu de séries musicales.

Glee, Cop Rock, Smash, Flight of the Conchords, Garfunkel and Oates et c’est tout ? Il faut dire que c’est un choix risqué, c’est difficile à faire. Il faut beaucoup, beaucoup de matière. En deux saisons, nous avons écrit pas moins de 85 chansons inédites. J’en suis assez fière.

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Laquelle est votre préférée ?

La question piège, merci. J’en ai plusieurs, que j’en sois l’auteur ou juste l’interprète. Nous sommes cinq-six à écrire les chansons. Mais j’avoue que la toute première, West Covina, reste un rêve devenu réalité : chanter au milieu d’une centaine de danseurs.

Comment choisissez-vous quelle scène sera musicale, chantée ?

Neuf fois sur dix, c’est guidé par l’émotion. Il nous arrive d’avoir une idée de chanson et vouloir la placer coûte que coûte, à l’instar de Heavy Boobs. Mais sinon, il s’agit d’explorer un état d’esprit, ce qu’il y a de fondamental chez tel ou tel personnage.

La majorité des chansons ont pour sujet… le sexe ! Est-ce parce que vous ne pouviez pas trop en monter sur The CW ?

Non, pas du tout. La série est sur l’obsession de l’amour, et le sexe en est une grosse partie. Il a toujours été glorifié, mais le sexe est aussi cru, futile, grossier, bizarre, etc. Et n’oubliez pas que toutes les chansons parlent d’amour, et donc de sexe. C’est une source d’inspiration et d’humour inépuisable.

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Crazy Ex-Girlfriend veut montrer l’envers du glamour.

Le show s’appuie sur un trope, un stéréotype de comédie romantique et musicale, avec l’idée de le déconstruire et de découvrir ce qu’il y a derrière. Le glamour et la laideur, la gravité et la bêtise, ces choses ne vont habituellement pas trop ensemble mais nous avons voulu les « matcher », les mixer. De ce point de vue, une série comme Girls a préparé le terrain. Elle a montré comment les filles se parlent vraiment entre elles, sans maquillage, avec leurs cheveux défaits et leurs vêtements mal assortis. Quand mon personnage de Rebecca est très déprimé dans le supermarché, dans l’épisode 2, c’est du Girls tout craché.

Parlez-nous de la chanson Sexy French Depression

Oh bien sûr ! (en français dans le texte) Nous évoquions la figure de la jeune femme triste, réutilisée par Lana Del Rey dans son clip Summertime Sadness. Où trouve-t-on cette femme triste mais toujours classe, ce qui est impossible pour moi, hein ? Dans le cinéma et la chanson françaises bien sûr ! J’ai voulu être à peu près authentique, un peu cliché aussi. (rires)

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