« Touche pas à mon poste » : Cyril Hanouna « est un obsédé de l’homosexualité » selon l’Association des journalistes LGBT
TÉLÉVISION•Du 2 au 30 novembre 2016, l’Association des journalistes LGBT s’est penchée sur les valeurs portées par l’émission « TPMP » au quotidien…Clio Weickert
Blagues, dérapages, railleries… Du 2 au 30 novembre dernier, l’Association des journalistes LGBT (AJL), qui œuvre pour un meilleur traitement des questions LGBT dans les médias, s’est penchée sur le cas TPMP. Durant un mois, les journalistes ont regardé quotidiennement l’émission présentée par Cyril Hanouna sur C8, pour comprendre quelles valeurs portait le show, « au-delà des "dérapages" régulièrement pointés du doigt par la presse », explique le communiqué. En un mois, l’AJL a relevé 42 mentions relatives à l’homosexualité, dont 28 « sous couvert de la "blague" de mauvais goût, à caractère sexuel ». Un constat « inquiétant », selon l’association.
« Un obsédé de l’homosexualité »
Faux mariage gay à Las Vegas, faux couple gay, sous-entendus sur la sexualité de certains chroniqueurs… Depuis quelques mois déjà, il est fréquent d’entendre parler d’homosexualité dans Touche pas à mon poste. « Souvent pour en rire de manière rabaissante », déplore l’AJL, qui parle « d’homophobie ordinaire », et qualifie Cyril Hanouna « d’obsédé de l’homosexualité ». En un mois d’observation, l’association a recensé 42 mentions relatives à l’homosexualité, dont une majorité (27) vise Matthieu Delormeau et ses orientations sexuelles.
Comme cet échange datant du 21 novembre dernier, concernant l’épreuve des poteaux de Koh-Lanta. « Ça n’a aucun intérêt. Ça vous dit de rester trente minutes devant deux personnes, debout sur un poteau ? », interroge Matthieu Delormeau. « Bah, tu restes bien deux heures sur une teub, toi ! », lui rétorque alors Jean-Michel Maire, applaudi par une partie du public, hué par l’autre, puis mis à l’écart du plateau durant quelques minutes.
« Des conséquences dévastatrices »
Pour l’AJL, ces remarques ne sont pas sans conséquences. « L’air de rien, elles dessinent surtout dans l’esprit du public ce qu’il est possible de faire chez soi, avec ses ami-e-s, au travail, au lycée : se moquer des personnes LGBT pour ce qu’elles sont, les transformer en animaux de foire sous couvert d’humour, les accepter (un peu) pour les humilier (beaucoup) ».
L’association parle également de « comportements de harceleurs de cour de récré, qui peuvent avoir des conséquences dévastatrices », rappelant qu’un ado gay a quatre fois plus de risques de se suicider qu’un jeune hétéro.
Sexisme, transphobie et racisme
Au-delà de l’homophobie, l’AJL a également constaté 20 remarques sexistes, deux à caractère transphobe et plusieurs à caractère raciste (notamment l’accent chinois pour se moquer de Jean-Luc Lemoine). Si l’association précise que Touche pas à mon poste n’est pas la seule émission à pointer du doigt, de par son importante audience et son jeune public, « elle a une responsabilité particulière dans les imaginaires qu’elle offre, qu’elle le veuille ou non ».
Pour cela, l’AJL appelle « ses responsables à prendre conscience des mécanismes de domination et de discrimination dont ils se font les complices, et les autorités compétentes à agir, si ces comportements devaient perdurer ».