SERIESPourquoi la série «Occupied» va vous occuper dès ce jeudi sur Arte

Pourquoi la série «Occupied» va vous occuper dès ce jeudi sur Arte

SERIESUn pitch audacieux qui questionne notre passivité de citoyens, un rythme haletant: la série d'anticipation commence ce jeudi soir à 20h50 sur Arte...
Annabelle Laurent

Annabelle Laurent

Avis aux fans de séries scandinaves. Trois ans après la danoise Borgen, Arte diffuse ce jeudi soir l’ambitieuse et haletante Occupied, co-production internationale en dix épisodes imaginée par le maître du polar Jo Nesbø. 20 Minutes a rencontré au dernier Festival Séries Mania son showrunner, Erik Skjoldbjaerg.

Une idée de Jo Nesbø

Dans un futur proche, le Premier ministre norvégien décide de mettre fin au règne du pétrole pour se tourner vers les énergies renouvelables. Avec l’appui de l’Union Européenne, la Russie prend le contrôle du forage pétrolier et occupe le pays. Les Norvégiens vont-ils résister ou collaborer ? Si l’idée d’origine est de Jo Nesbø, le père de l’inspecteur Harry Hole, qui s’est inspiré de son histoire familiale pendant la Seconde Guerre Mondiale, l’auteur norvégien n’a pas contribué à l’écriture, axée autour du dilemme qui s’offre à tous les personnages : « choisir entre idéalisme et pragmatisme, énonce Erik Skjoldbjaerg. Tous nos personnages naviguent entre les deux ». Un axe scénaristique particulièrement original dans l’univers des séries où, si on fait les comptes, le dilemme amour/vertu gagne probablement haut la main.

Un tournage en plein conflit ukrainien

La Norvège occupée, une idée farfelue ? Les scénaristes ont pu le penser il y a deux ans, avoue Erik Skjoldbjaerg. « On souhaitait depuis le départ que la série soit écrite de façon réaliste, mais avant de tourner, le défi semblait grand. » Puis en avril 2014, le conflit ukrainien a éclaté. Au tout début du tournage. « Les scénarios n’étaient pas finalisés, et l’actualité a presque agi comme un détecteur de mensonge. On n’avait qu’à allumer la radio ou la télé pour trouver des références très directes à ce qu’on était en train de tourner. » Malgré tout, la série ne prétend pas autre chose que d’être une fiction. Ce qui n’a pas empêché une polémique en Norvège, où vivent quelque 70.000 Russes.

Collaborer ou résister ? Le choix du Premier Ministre Jesper Berg (Henrik Mestad) suscite l’incompréhension.

« Liberté chérie », vraiment ?

La force de la série est de pousser chacun à s’interroger : qu’aurais-je fait ? A la place du Premier ministre, de son garde du corps, du journaliste ou de sa compagne, patronne du restaurant voisin du bâtiment qui abrite le QG des Russes ? Erik Skjoldbjaerg en est convaincu : « Il suffit de regarder l’histoire des occupations, dans la plupart des cas, la population essaie d’éviter le conflit. Seul un petit pourcentage prend les armes. Janis Joplin chante : “Freedom is just another word for nothing left to loose” [Dans Me and Bobby Mc Gee, écrite par Kris Kristofferson et Fred Foster]. La liberté est une valeur que nous situons très haut dans notre société, mais en cas de crise, est-ce encore la plus importante ? L’idée que nous irons à la confrontation si quelqu’un nous envahit est très fantasmée dans beaucoup de fictions. Je ne crois pas que ce soit le cas. Parce que tu as ta famille à protéger, ton job, ta maison, ton statut social... »