Maïtena Biraben, la dernière chance du «Grand Journal»?
PORTRAIT•C’est ce lundi la rentrée du «Grand Journal». Auréolée du succès du «Supplément», l’animatrice prend les rênes de l'émission vitrine de Canal+, en quête d'un sursaut d'audience...Annabelle Laurent
En plein chamboulement de Canal+, violemment ébranlé cet été alors qu’approchait la prise de fonction de Vincent Bolloré désormais officiellement aux commandes, Maïtena Biraben (choisie par ce dernier) inaugure ce lundi soir à 18h50 un Grand Journal nouvelle formule. Avec Manuel Valls pour premier invité.
De l’animatrice de 48 ans, on loue l’audace, la fantaisie, la répartie impertinente. Autant d’atouts bienvenus quand il s’agit de remettre à flot une émission en déclin.
Si les téléspectateurs de Canal+ l’ont vue évoluer sur la chaîne depuis dix ans, voici pour ceux qui la connaissent moins (et dormaient le dimanche, ces deux dernières années) un petit portrait de rattrapage.
Maïtena, la Suisse
Faut-il prononcer Maïtena Birabin ou Birabenne? Vous voulez lui faire plaisir: préférez la première option. En sachant que si ce nom (et son prénom, qui signifie «aimée») lui vient de son père d’origine basque, c’est loin des Landes que Maïtena Biraben a commencé sa carrière. Elle fait ses débuts en Suisse, dont était originaire son premier mari et dont elle a la nationalité. Après un diplôme de vente à l’université de Lausanne, l’animatrice travaille à la Radio suisse romande, puis à la Télévision suisse romande. Les téléspectateurs suisses se souviennent de Ça colle et c’est piquant. Elle s’y forge une bonne popularité mais remet le cap sur Paris où elle enchaîne dès 1997 des expériences sur M6, France 2 (Télé matin) puis France 3. Avant d’aller voir du côté de ce qui s’appelle alors encore La Cinquième.
Maïtena, la maternelle
Karine Le Marchand, Elizabeth Tchoungui, Daphné Bürki, Julia Vignali et Sidonie Bonnec lui ont depuis succédé. Mais c’est bien Maïtena Biraben qui en 2001 inaugurait la nouvelle émission de La Cinquième (alors en complète refonte) à destination des parents, Les Maternelles. Elle y reste quatre ans, de 2001 à 2004, s’y révèle en chef de bande conviviale et piquante. Et en garde depuis une image d’«animatrice familiale».
Maïtena, l’esprit Canal
Canal la débauche en 2004 pour la hisser à la présentation d'une nouvelle émission de mi-journée, Nous ne sommes pas des anges (2004-2006). Elle présente un an Les Nouveaux Explorateurs (2007-2008). Puis à la rentrée 2008, c’est le plongeon dans le 100 % actu et les réveils aux aurores: elle succède à Bruce Toussaint à la tête de la Matinale, qu’elle anime quatre ans. Toujours sans carte de presse, statut qu’elle revendique: «Je suis persuadée que l’on peut faire de la bonne information sans carte de presse. Animatrice, ça me va très bien», dit-elle au Temps. Pas d’école de journalisme, moins dans le moule… et ça marche. Canal+ lui propose à la rentrée 2012 les commandes du Supplément, puis le Supplément doublé du Supplément politique où elle cuisine chaque dimanche midi les politiques avec aisance, et succès d’audience.
Pourquoi Canal+ s’accroche autant au «Grand Journal»
Maïtena, l’hôte d’Hollande
Le 19 avril 2015, François Hollande est au Supplément pour son bilan des trois ans. Deux heures de direct en clair menées par Maïtena Biraben, un record historique d’audience atteint pour l’émission, un très joli coup. Même si les précédents à l’interview interrogent: Maïtena Biraben avait invité - par un SMS - le chef de l’Etat chez elle, dans son pavillon de Sèvres. Pour lui «proposer de rencontrer des Français», raconte-t-elle au magazine Elle, après avoir «entendu un de ses conseillers dire qu’il avait été mandaté pour prendre la température des Français», ce qui l’avait fait «bondir». Du culot, on vous dit.
Maïtena, la coachée
Le Grand Journal va t-il redresser la barre? Maïtena Biraben sera-t-elle à la hauteur? Dès sa première ce lundi, les commentaires vont pleuvoir. Les premiers résultats d’audience seront avidement scrutés. Celui qui l’avait coiffée au poteau en 2013 alors qu’elle était déjà pressentie, Antoine de Caunes, en avait fait l’expérience. En attendant, l'intéressée, qui a décliné la proposition d'interview de 20 Minutes la semaine précédant l'émission, évite de s'étaler dans les médias. Et aurait, d’après Télé 2 Semaines, jugé utile de s’entourer d’une experte du déminage médiatique pour guider sa com' de rentrée: Anne Hommel, connue pour avoir épaulé DSK pendant l’affaire du Sofitel ou encore Jérôme Cahuzac. Difficile d’être mieux préparée à parer l’éventuelle tempête.