INTERVIEWBernard de La Villardière: «On n’a pas tout montré, on m’aurait encore accusé de ne faire que des sujets sur la sexualité!»

Bernard de La Villardière: «On n’a pas tout montré, on m’aurait encore accusé de ne faire que des sujets sur la sexualité!»

INTERVIEWLe journaliste revient avec «Bernard de La Villardière à la découverte des grands singes» ce jeudi à 20h55 sur M6...
Clio Weickert

Clio Weickert

Bernard de La Villardière ne s'intéresse pas qu'à la mafia, la drogue et la prostitution. Pour ce nouveau documentaire, le journaliste s'est approché aux plus près des grands singes: les gorilles et les bonobos. Entre deux voyages, détendu et cultivant le second degré, il a répondu aux questions de 20 Minutes sur cette nouvelle aventure.

Après les animaux sauvages et les animaux dangereux, pourquoi vous intéresser aux grands singes?

Ce sont les animaux qui nous ressemblent le plus et qui nous fascinent tout particulièrement. Grâce à la science, on n'a jamais eu autant l’impression et la preuve que ce sont nos cousins et nos très lointains ascendants, et en même temps ils n’ont jamais été autant menacés, notamment par l’homme. Et ce qui m’intéresse aussi, ce sont les hommes qui vivent à leur contact afin de les protéger.

Dans le parc de Virunga, vous faites face à un gorille à dos argenté de plus de 250 kg. Qu’avez-vous ressenti face à lui?

J’étais impressionné, j’ai trouvé qu’il était majestueux, assez digne. Vous n’êtes qu’une petite chose à côté. Et comme j’ai déjà été attaqué par un éléphant, j’avais envie de me confronter au gorille…J’ai essayé de faire exactement le contraire de ce qu’on me disait, pensant qu’il allait me lancer un avertissement. Finalement non, il m’a ignoré! J’ai été un peu vexé.(rires)

Vous aimez vous mettre en danger, pourquoi?

Tout simplement parce que j’aime me mettre à l’épreuve. Mais j’ai le sentiment de courir bien peu de danger par rapport aux gens qui vivent dans ces régions...Notamment dans ce parc du Virunga où il y a des milices, des braconniers…

Vous avez plus peur de l’être humain que de l’animal?

L’animal est un peu plus prévisible. Il ne tue pas par plaisir. L’homme le peut, et par sadisme aussi. L’animal tue pour protéger sa vie ou celle des siens quand il sent être en danger. Si vous respectez certaines règles, il n’y a pas de raison a priori que cela tourne mal.

Quelle a été la rencontre la plus émouvante de cette aventure?

André, l’homme qui tient l’orphelinat des gorilles. Il leur a dédié sa vie. Je l’avais repéré dans un documentaire où on lui demandait pourquoi il faisait tout ça. Il a répondu: «Il faut bien que je justifie le fait d’être sur Terre». Ça montre l’humilité et la noblesse de la personne. Ce qui m’émeut le plus, ce sont ces hommes et ces femmes qui tentent de sauver ces animaux.

Entre les gorilles et les bonobos, lesquels vous ont le plus touché?

Les gorilles par leur majesté et la force qu’ils dégagent. Les bonobos par leur ressemblance avec nous et leur pratique de la sexualité assez innovante! Ils résolvent les conflits par des rites sexuels qui permettent de calmer les tensions. On n’a pas tout montré, on m’aurait encore accusé de ne faire que des sujets sur la sexualité! (rires)

Concernant la forme de l’émission, on vous voit tout le temps, même le titre de l’émission porte votre nom. Pourquoi?

Quand vous regardez des documentaires de chaînes anglo-saxonnes, le présentateur ou le documentariste est très souvent à l’image. C’est une manière de rapprocher ce qui est loin, d’être plus pédagogique, de partager davantage…Et puis je ne suis qu'un modeste journaliste et producteur, la chaîne me demande d’être à l’image, et c'est le directeur des programmes qui décide du nom de l’émission. Donc ce n’est pas un caprice de Bernard de La Villardière.

Mais vous ne risquez pas de voler un peu la vedette aux animaux?

Vous trouvez que je suis plus présent que les singes? (rires)

On vous voit chuter, faire des blagues…

J’essaye d’être le plus naturel possible, comme je suis dans la vie. Et puis ça permet d’informer tout en étant dans la décontraction.

En comparaison avec Enquête exclusive qui est très frénétique dans sa construction, vos programmes animaliers sont beaucoup plus sereins. Deux facettes de votre personnalité?

L’âge! Je viens d’avoir 57 ans, je suis grand-père depuis quelques mois...Non, c'est surtout parce que c’est un rendez-vous plus familial, une émission de découverte et pas simplement un magazine d’infos. Je suis sur un registre différent, au lieu d’être journaliste je suis un peu plus passeur d’histoires.