«Spotless», la nouvelle série très british de Canal+
SERIES TV•Diffusée dès ce lundi soir sur Canal+, «Spotless» est la première des trois coproductions internationales de 2015 de la chaîne cryptée, avant «Versailles» et «Panthers»…Annabelle Laurent
Deux frères, l’un sans histoires si ce n’est celle de son CV (il est nettoyeur de scènes de crimes), l’autre petit voyou sans envergure, sont entraînés malgré eux dans la spirale du crime organisé à Londres. Ce qui ne manquera pas de raviver un traumatisme de leur enfance… Les mésaventures d’un type bien, mais «breaking bad»: vu et revu? Sans doute un peu, mais Spotless s’en relève grâce à son ton provoc’ entre comédie et thriller, et ses acteurs irréprochables: le québecois Marc-André Grondin (C.R.A.Z.Y.), le français Denis Ménochet (Inglorious Bastards), réjouissant en quadragénaire insoumis comme un ado, ou encore le britannique Brendan Coyle, qui désarçonnera les fans de Downton Abbey: l’honnête valet Bates s’est transformé en gangster sans scrupules.
>> L'épisode 1 sera en clair sur le site de Canal+ lundi 16 mars à 21h
English only
Au scénario, le Britannique Ed McCardie (Shameless) et l’Américaine Corrine Marrinan (Les Experts, Crossing Lines), à la réalisation des deux premiers épisodes, le réalisateur de L’Arnacoeur Pascal Chaumeil, et côté production, Canal+ et Tandem en association avec Rosetta Media. Soit le parfait cocktail d’une coproduction internationale, seule capable de hisser le budget jusqu’à 23 millions d’euros, pour 10 épisodes de 52 minutes. Mais avec une contrepartie: à l’exception de quelques flashbacks, l’anglais est la seule langue du tournage.
Si bien qu’au premier épisode, les retrouvailles des deux frères Jean et Martin se passent en anglais. En présence de la famille anglaise de Jean, rien de choquant… mais pour une discussion en tête-à-tête? Dommage, car la crédibilité de la scène en prend un coup. Les spectateurs étrangers seraient-ils vraiment outrés par quelques minutes de sous-titres? Les Revenants ont bien fait un carton sur Channel 4 en version française sous-titrée, même si les Etats-Unis n’ont eux pas résisté à un remake.
Le Roi Soleil anglais de «Versailles»
C’est une «concession faite avec pragmatisme», répond à 20 Minutes Fabrice de la Patellière, directeur de la fiction de Canal+. La possibilité d’un tournage en double version a été «longtemps» envisagée, puis écartée. Trop lourd, en termes de production. Les épisodes ont donc été entièrement doublés en français, mais «tourner une version 100% anglaise était indispensable pour laisser espérer une vente aux Etats-Unis, qui déclenche ensuite presque automatiquement les ventes ailleurs», explique-t-il.
Même logique pour Versailles, la série au budget record (27 millions d’euros) qui vient d’achever son tournage, à découvrir fin novembre et dans laquelle le Roi Soleil parle anglais. Depuis Borgia en 2011 et Tunnel en 2013, Canal+ mise de plus en plus sur ses coproductions internationales. «On en vise une ou deux par an», explique Fabrice de la Patellière. L'agenda est exceptionnellement chargé pour 2015: à la fin de l’année arrivera une troisième, Panthers, avec Tahar Rahim, coproduite avec Sky Atlantic.
Sans négliger le franco-français. «La coproduction est un axe en parallèle de celui des séries françaises, pour lesquelles le regard a beaucoup changé à l’étranger ces dernières années, insiste Fabrice de la Patellière. Il faut être à la hauteur de cette curiosité». En gardant la french touch, cette fois-ci, car «les succès d’Engrenages ou des Revenants ont montré que plus une série est ancrée dans une culture, plus elle s’exporte.»