«Les hommes de l’ombre», saison 2: Les scénaristes «battus» par la réalité
TELEVISION•La série politique revient pour une saison 2 ce mercredi sur France 2. Pendant l’écriture, la réalité s’est heurtée plus d’une fois à la fiction...Annabelle Laurent
Les hommes de l’ombre reviennent ce mercredi, avec Carole Bouquet dans le rôle de Première dame. «Ce n’est pas parce que François Hollande n’en a plus qu’on allait s’en priver», lance d'un grand sourire la scénariste Marie Guilmineau (créatrice de Boulevard du Palais et Diane, femme flic). Elle est, avec Sylvain Saada, l’auteur de cette saison 2... dont la fabrication ne fut pas de tout repos.
Il a fallu faire gagner la gauche. Dans la saison 1 créée par Dan Franck (Carlos, le futur Marseille de Netflix), Nathalie Baye incarnait le rôle principal, celui d’Anne Visage, candidate à la présidentielle. Dan Franck avait déjà écrit les six épisodes quand Nathalie Baye s’est finalement - elle n'avait pas signé - retirée du projet… Bye Baye, et bye la présidente au pouvoir. «Il a fallu tout jeter à la poubelle, elle ne pouvait plus gagner», explique Marie Guilmineau. Dan Franck a commencé la réécriture avant de se décourager, et lui laisser la main. Sylvain Saada et elle ont dû tout écrire dans l'urgence, de mai à septembre 2013… et faire gagner le candidat adverse, Marjorie (Nicolas Marié), donc la gauche. Du coup, le premier épisode s’ouvre sur des (vraies) images aériennes de la place de la Bastille, le 6 mai 2012.
Il a fallu éviter le tweet. Par le faux bond d’une actrice, la figure féminine star de cette saison 2 est devenue Carole Bouquet, dans le rôle d’Elizabeth Marjorie, la femme du Président. «Un rôle merveilleux à écrire», pour les scénaristes, qui voulaient poser la question, «bien avant que le problème ne se pose dans la réalité»: «C’est quoi, être une première Dame quand on n’est pas Yvonne de Gaulle, quand on ne suit plus son mari quoi qu’il arrive?». Dans le premier épisode, Carole Bouquet soutient un ministre empêtré dans un scandale politico-financier avec une petite phrase lancée, sans prévenir personne, aux caméras de télévision. Au départ, «ça devait être un tweet», nous explique le producteur Emmanuel Daucé (Un Village Français). Mais c’était «tellement Trierweiler… Ce n’était pas bon pour la fiction. Il ne fallait pas donner l’impression qu’on faisait des clins d’œil. Son personnage devait rester un mélange, il fait aussi penser à Carla Bruni ou Cécilia Sarkozy.»
Il aurait fallu faire pire. La couv’ de Closer, la sortie surprise et cataclysmique du livre de Trierweiler... «On est battus!», s’écrient ensemble les scénaristes. «Qui aurait osé dire qu’un conseiller de la République se fait virer parce qu’il se fait cirer ses chaussures à l’Elysée? Je ne l’aurais jamais inventé», glisse Marie Guilmineau. «Qu’un président en casque de moto aille retrouver sa maîtresse?!», renchérit Sylvain Saada. Il assure même: «Hier, en réunion, on s’est dit qu’il fallait monter les curseurs. Dans la férocité, la violence, la trahison. Il faut qu’on soit à la hauteur!». Puis, ravi: «Il faut le dire, on a au gouvernement et à l’Elysée une équipe très sensible au problème des scénaristes. C’est formidable».