Benjamin Carle, journaliste de 25 ans, a décidé de tenter de vivre pendant un an vêtu et entouré uniquement d’objets Made in France. Le titre de son documentaire, sous labellisé «L’année où j’ai vécu 100% français». Il suggère en variantes «L’année où j’ai vécu sans réfrigérateur» (plus aucun de ces appareils n’est fabriqué en France) ou «L’Année où j’ai arrêté d’aller aux concerts de mes quatre groupes préférés». Il avait expliqué il ya quelques mois à 20 minutes les conclusions de son enquête très incarnée.

Il vit 100% « Made in France » pour un... par 20Minutes

Au-delà de la dimension économique et pédagogique, son documentaire relève aussi d’une démarche journalistique singulière. Benjamin Carle se met en scène, lui citoyen tentant d’obéir aux injonctions d’Arnaud Montebourg et d’autres politiques qui lui recommandent de consommer français. Avec un style particulier que 20 minutes lui a demandé d’expliciter.

Journalisme gonzo ou 50 Millions de consommateurs ?

Benjamin Carle est très présent à l’antenne. C’est à lui qu’il applique les préceptes du tout made in France. Et aussi, un peu, à sa copine qui vit dans le même appartement soudain débarrassé de plus de 90% de ses objets. «Il fallait éviter un aspect catalogue, explique-t-il. C’était plus visuel que je porte la chose personnellement. Cela aurait été encore mieux peut être avec une famille qui testerait cela mais ce n’était pas possible. Car cela demande un engagement total de se mettre au made in France, c’est compliqué pour quelqu’un qui doit bosser à côté !» Sa société de production au nom évocateur – Camera Subjective Presse – l’a encouragé. «N’importe quelle autre prod aurait sans doute fait appel à quelqu’un de plus aguerri à la télévision».
Son principe : prendre au pied de la lettre ce que disent les politiques qui exigent des consommateurs de ne vivre qu’aux Français, et mettre en actions et en images cette réalité. Pas tout à fait du journalisme gonzo. «J’adore le journalisme gonzo mais là je ne suis pas en immersion. Cela pourrait se rapprocher de ce qui est fait dans Super Size Me où un homme voit ce que ça donne de ne bouffer que Mc Do sauf que lui s’attendait au résultat. Moi je ne savais pas où j’allais, j’ai vraiment voulu tester l’application de ces discours. Car il y avait un vrai décalage entre ce que disaient dans les sondages les gens du made in France et les faits ».

Empowerment et politique

La méthode est efficace. Non seulement elle permet de confronter les politiques à leurs discours – Arnaud Montebourg est invité à discuter dans l’appartement de Benjamin Carle désormais «certifié français »- mais «je voulais aussi passer par l’empowerment, c'est-à-dire reprendre le pouvoir sur la consommation. Par delà le côté trivial c’était un sujet éminemment politique ».