INTERVIEWThomas Thouroude: «Les gens ont toujours allumé Canal à 19h»

Thomas Thouroude: «Les gens ont toujours allumé Canal à 19h»

INTERVIEWL’animateur tient les rênes depuis la mi-septembre du «Before» de Canal+, du lundi au vendredi à 18h10…
Annabelle Laurent

Annabelle Laurent

Seuls les fans de «L’Equipe du Dimanche» ou de «Formula One» connaissaient le nom de ce journaliste ex-rugbyman de 35 ans avant qu’il ne se retrouve, en septembre dernier, propulsé à la tête du «Before». Sacrée mission que celle d'installer une nouvelle case, ouverte à 18h10 par Canal+, pour «séduire les 15-35 ans avec un magazine de pop culture». En quelques mois Thomas Thouroude, costume cintré, volontiers déconneur et «punchlines» en stock, a su s'imposer, créant un rendez-vous convaincant au-delà du rôle de préchauffe pour le «Grand Journal».

Un mot pour résumer ces cinq premiers mois?
Sprint! Depuis le début où il fallu tout imaginer, à aujourd’hui où il faut faire en sorte qu’il se passe quelque chose. Qu’on ait la sensation d’avoir raté quelque chose si on n’a pas vu l’émission…!

Vous admirez les présentateurs de late-shows américains. Que faut-il leur emprunter?
Ils arrivent à sortir du territoire de l’animateur. Ils ne s’interdisent pas de chanter, danser, faire rire, ils font partie intégrante du show. C’est le côté showman qui m’intéresse. J’ai d’abord découvert Jon Stewart du «Daily Show» en 2008, quand j’étais sur iTélé, et j'aime beaucoup Jimmy Fallon. Il ne se substitue pas à l’artiste, n’a pas la prétention de faire mieux.

Et le style Thouroude, c’est quoi?
Elle est horrible, votre question. Disons que j’aimerais, très modestement, apporter de l’enthousiasme, de l’empathie. Se moquer sans méchanceté parce que le «bashing», c’est facile. On essaie de se l’interdire.

Vous en faites des tonnes sur Twitter pour inviter Rihanna, que vous avez fini par «rencontrer» mercredi dernier...
On voulait viser un people impossible, on trouvait ça drôle. Moi, je n’ai pas vraiment d’idole. J’ai eu Michael Jackson [d’où la parodie de «Thriller»]… comme invité, ça va être compliqué! Mais je trouve de l’intérêt à tous les invités. JR est venu commenter ses photos, c’était une rencontre formidable. Reda Kateb, qui a dit un poème, Teddy Rinner, en premier invité…


« Rihanna on t’aime. Demain 100eme tweet. Réponds-nous s’il te plaît. Be Nice. Before. cc @Rihanna — ThomasThouroude (@ThomasThouroude) February 17, 2014 »


Pas trop déçu que «Connasse» vous ait lâché pour le «Grand Journal»?
Je n’ai pas été surpris, je savais bien que c’était une connasse! (Rires) C'est le jeu. Je leur souhaite à tous de grimper et d’aller dans le vaisseau amiral.

Un vaisseau amiral qui pèse dix fois plus lourd que vous en termes d'audiences (le «Before» réunit de 100.000 à 150.000 téléspectateurs en moyenne). Vous avez la pression?
Pas du tout, surtout que c'est un domaine que je ne maîtrise pas, je laisse ça à mes patrons. Je ne sais que le temps nécessaire à l’installation d’une émission, qui plus est à cet horaire, qui plus est sur Canal où historiquement il n’y pas de réflexe de consommation à cet horaire. On partait dans le désert. Les gens ont toujours allumé Canal à 19h.

Thierry Ardisson a prédit dans «Salut les Terriens» que vous iriez «très loin»
Ses compliments m’ont beaucoup touché, parce qu’Ardisson, c’est une de mes références. Il a inventé quelque chose: mixer des invités d’univers différents, créer des systèmes d’interview, ça n’existait pas. Il avait un coup d’avance. En fait, il fait le boulot pour nous.

Aller «très loin», pour vous, ce serait quoi? Dans l'«infotainment», virer vers le «-tainment»?
J’ai l’envie de rester ce que je suis: journaliste. L’info m’intéresse, c’est important pour moi d'y garder un pied. Je pense d’ailleurs que le «Before» marche pour ça. Parce qu’on apprend des choses, on apporte du contenu. Je me vois mal dans le divertissement pur.