TELEVISIONPourquoi la série culte «Friday Night Lights» reste méconnue en France

Pourquoi la série culte «Friday Night Lights» reste méconnue en France

TELEVISIONJimmy diffuse ce vendredi soir à 20h45 «Friday Night Lights», série américaine à la fois encensée par la critique et superbement ignorée en France...
Friday Night Lights
Friday Night Lights - NBC
Annabelle Laurent

Annabelle Laurent

Dillon, Texas. Une petite ville où un seul jour compte: le vendredi, soir de match pour l’équipe de football américain du lycée, les Panthers. Eric Taylor (Kyle Chandler), le nouveau coach, doit mener son équipe jusqu'au championnat d’Etat. Voilà très grossièrement résumé le pitch de «Friday Night Lights», ou «FNL» pour les intimes. Ceux qui vibrent dès qu’ils entendent «Clear Eyes, Full Heart, Can’t Lose», le cri de ralliement des joueurs. Ils ne sont en France qu’une petite communauté que Jimmy tente d’élargir ce vendredi soir, trois ans après la fin de la série sur NBC. Le public sera confidentiel, mais pour «FNL», toute diffusion est un bout de revanche. Pourquoi un tel rendez-vous manqué?

Une série «trop américaine»?

La série de Peter Berg, adaptée d'un film éponyme lui-même inspiré de faits réels, a bien failli débarquer sur TF1 dès ses débuts, en 2006. Le groupe l’avait achetée, mais ne l’a jamais diffusée. En 2008, la série fait un passage sur NRJ12, mais furtif: la chaîne la déprogramme en milieu de deuxième saison (sur les cinq), «elle n’a pas trouvé son public». Et si Jimmy la diffuse aujourd’hui, c’est «en accord avec son image de marque: séries exigeantes pour public exigeant», souligne Marjolaine Boutet, historienne spécialiste des séries télé qui a consacré en 2012 une conférence de «Séries Mania» [ici en vidéo] à la série.

Une diffusion chaotique, parce que la série est jugée ici «trop américaine», avec son cocktail foot américain/Texas? S’il est vrai que l’«on entre dans un monde dont on n’a pas les codes», l’excès de références culturelles américaines n’est pas le frein principal, estime Marjolaine Boutet, qui cite plutôt «The Good Wife» comme excellente série passée inaperçue ici «car trop ancrée dans la réalité politique et juridique américaine».

«C’est l’Amérique qu’on déteste»

«FNL», c’est d’abord, vue de France, «l’Amérique qu’on déteste», poursuit la spécialiste. «On n'est pas dans le New York de "Gossip Girl"! Ils sont Texans, républicains, pauvres, pas éduqués… Les personnages sont vus comme des bouseux. Il faut faire un vrai effort d’intégration». Un pitch peu attrayant pour les chaînes qui ont pu croire, au départ, à un «teen drama», classique et léger. «Si TF1 n’a jamais diffusé, c’est sans doute parce qu’elle s’est rendue compte de ce que c’était»...

Mais le rendez-vous manqué n’est pas que français. Aux Etats-Unis, la série, achevée en 2011, n’aura jamais été un carton d’audience. Au bout de deux saisons, les critiques ont beau l’aduler, le public lui a réservé un accueil si mitigé qu’NBC veut l’annuler… avant que le noyau dur de fans ne crie son amour pour Coach Taylor, Smash Williams, Matt Saracen et les autres via une pétition et un envoi groupé de ballons de foot au siège d’NBC, de quoi permettre à la série de reprendre miraculeusement sur DirectTV puis à nouveau NBC.

Une série qui se mérite

Si l’ultra-popularité du foot aux Etats-Unis n’a pas été un aimant suffisant, c'est qu'«FNL» est avant tout difficile d’accès. Tourné à trois caméras en décor naturel, avec une forme brute proche du documentaire, la série est aussi réaliste que déstabilisante au premier abord. «Ce n’est pas une série de divertissement, tranche Marjolaine Boutet. Il faut prendre le temps de la découvrir. C’est une série qui se mérite».

Comme pour «The Wire», échec d’audience, unanimité critique. «Tout le monde a découvert "The Wire" en DVD. En fait "FNL" n’est pas faite pour être vue à la télévision. On s’y plonge comme dans un énorme bouquin.» Au programme: plus de 56 heures au total, pour une série «qui raconte comment on devient un homme», avec, à l’époque des anti-héros à la «Breaking Bad», «des personnages qui nous aident à grandir. Et nous rendent meilleurs».



Friday night lights - saison 1 - A partir du 21/02 à 20h45