Les scénaristes de «Person of Interest» cherchent à redépasser la réalité
•SERIE – Les révélations liées aux méthodes de la NSA ont rendu fade la série d’espionnage…Benjamin Chapon
Les téléspectateurs français vont enfin découvrir la fin de la saison 1, puis le début de la saison 2, de la série «Person of Interest». Plusieurs mois après avoir inexplicablement cessé sa diffusion au 21e épisode, TF1 reprend l’intrigue où elle l’avait laissée.
Cette série, créée par Jonathan Nolan et produite par J.J.Abrams, suit un agent de la CIA débauché par un milliardaire qui a détourné un programme d’espionnage étatique. Conçu pour traquer les terroristes du monde entier, ce programme permet aussi de connaître les auteurs ou victimes de crimes violents grâce à l’analyse de données.
L’espionnage surréaliste
Créée en 2011, la fiction de cette série a été récemment dépassée par la réalité du scandale Prism. Ce programme mis en place par la NSA, dont l’existence a été révélée par Edward Snowden, ringardise totalement celui de «Person of Interest». La machine, dans la série, espionne les caméras de vidéos surveillance et les appels téléphoniques. On sait aujourd’hui que la NSA allait beaucoup plus loin que ça, notamment en piratant des smartphones.
«Au début de la série, on nous faisait des compliments mais certains trouvait dommage que nous ayons un parti-pris de science fiction, rigole Jonathan Nolan. Aujourd’hui, le scandale Prism valide nos choix scénaristique, c’est flatteur.»
Redevenir une série de science-fiction
Mais CBS, la chaîne américaine qui diffuse la série a demandé aux créateurs de refaire de «Person of Interest» une série d’anticipation pour sa quatrième saison. «Nous ne sommes pas sur les mêmes ressorts que X-Files analyse Jonathan Nolan. La notion de complot obscur ne nous intéresse pas mais pour notre personnage central reste intéressant, il doit avoir un temps technologique d’avance. Cela lui confère une solitude et une épaisseur dramatique.»
La machine de la série ne peut pas évoluer technologiquement. Les créateurs de la série ont donc choisi d’accentuer le rapport intime que cultivent le personnage et la machine. «Edward Snowden a eu des remords et a choisi de les faire connaître, raconte Jonathan Nolan. Nos personnages, eux, fonctionnent en vase clos. On veut éviter le simple scénario orwellien d’un état qui nous surveille en permanence. Nous allons aller vers un scénario plus shakespearien où le pouvoir est une malédiction.»