«Bron/Broen» et «Tunnel»: Pourquoi Canal+ diffuse l’original après la copie?
TELEVISION – Ce lundi soir, Canal+ Séries diffuse les premiers épisodes de la série suédo-danoise «Bron/Broen» qui a inspiré sa création originale «Tunnel». Au risque de se répéter… ?Annabelle Laurent
Dans «Bron/Broen», la série originale, deux enquêteurs, une suédoise, un danois, retrouvent un corps coupé en deux sur le pont de l’Øresund. Dans «Tunnel», l’adaptation de Canal+ et Sky Atlantic, le pont s’est transformé en tunnel sous la Manche, le duo a muté de suédo-danois à franco-britannique (les convaincants Clémence Poésy et Stephen Dillane), et le fil rouge reste le même: la traque du serial killer.
Schizophrène, Canal+?
L’adaptation de séries étrangères n’a bien sûr plus rien de surprenant. La diffusion simultanée en France de l’originale et la «copie», non plus. «Homeland» et «Hatufim», par exemple. Mais l’une était sur Canal+, l’autre sur Arte. Ici, tout est sur Canal. L’adaptation lancée en grande pompe en novembre dernier - le budget de chaque épisode: deux millions d’euros, tout de même - l’originale ce lundi soir.
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«Pourquoi avoir les deux? On s’est posé la question, ce n’est pas anodin, bien sûr, répond à 20 Minutes Manuel Alduy, directeur du cinéma de la chaîne cryptée. Mais on pense que "Bron" apporte beaucoup!». Pourquoi? «Parce qu’elle est entièrement portée par des personnages. Ca ne fonctionnerait pas du tout sur une série uniquement d’intrigue». Soit exactement le même argument avancé par la chaîne pour expliquer que «Tunnel» valait le coup, que l’adaptation ne serait pas une vaine et pâle copie.
Canal+ a acheté «Bron» au moment de sa diffusion locale, à l’automne 2011, indique Manuel Alduy. «Ca remonte! Et c’est à ce même moment qu’on a lancé la production de "Tunnel"». Mais si la chaîne s’autorise aujourd’hui à diffuser «Bron», c’est «parce qu’il y a Canal+ Séries», sa nouvelle chaîne thématique lancée en septembre dernier, concède Manuel Alduy.
«On remplit une de ses missions qui était d’élargir le spectre des séries et de s’adresser à un public plus averti». Des fans de fiction internationale capables d’apprécier la créativité scandinave, une des zones européennes les plus foisonnantes en matière de séries. Quant à l’ordre de diffusion, «c’est assez logique. On a commencé par celle qui nous paraissait la plus importante, la plus grand public». Priorité à la production maison, tout de même.