«Masterchef»: «La télé est essentielle à la survie de la gastronomie», selon le chef Passédat
TÉLÉVISION – Le chef triple étoilé est invité de la demi-finale de «Masterchef» sur TF1…Benjamin Chapon
La saison 4 de «Masterchef» sur TF1 touche à sa fin avec la demi-finale vendredi. La cinquième de «Top Chef» sur M6 débutera en 2014. Et même Arte se met à la gastronomie télévisuelle avec «Repas de fête», série de documentaire avec le chef trois étoiles Michel Roth. Le chef triple étoilé Gérald Passédat, invité de la demi-finale de «Masterchef», analyse l’engouement des Français pour les émissions de cuisine.
Pourquoi avez-vous accepté de participer à cette émission?
Laquelle?
Pardon?
Je vous demande laquelle parce que je suis dans trois émissions télé cette semaine.
Je parlais de «Masterchef»…
Que ce soit dans des émissions grand public ou d’autres, je le fais toujours pour promouvoir mon métier, la gastronomie.
Pensez-vous que ces émissions ont été bénéfiques pour les grands restaurants?
Sans aucun doute. Moi, je veux faire passer le message que la gastronomie, ce n’est pas cher.
Tout de même un petit peu, non?
Non. Si on prend en compte la qualité du travail des artisans chez lesquels je me fournis en produits, ce n’est pas cher. Ça coûte de l’argent mais le client n’est pas floué. Les poissons que je sers, on ne les trouve nulle part ailleurs. La qualité de tous mes produits, ça a un prix.
Avez-vous l’impression que des émissions comme «Masterchef» ont démocratisé l’accès à la gastronomie?
Sans doute. C’est pour cela que j’y participe en tout cas. Je me dois d’attirer une clientèle nouvelle. A Paris, c’est différent. Toute l’année, il y a beaucoup de touristes et de repas d’affaires. Moi, je dois séduire les gens.
A part la notoriété, que vous apporte votre participation à des émissions?
Des rencontres. Un boulanger pâtissier est devenu un ami. Il m’a appris beaucoup de choses pour faire mon propre pain. Même chose avec un chocolatier, qui est devenu un très bon ami.
Quatre ans après la création de «Top Chef» et «Masterchef», comment ces émissions sont-elles perçues parmi les chefs étoilés aujourd’hui?
Il y a toujours deux camps. Ceux qui pensent qu’aller à la télé, c’est vendre son âme au diable et d’autres, comme moi, qui pensent que la télé est essentielle à la survie de la haute gastronomie. On ne peut plus rester dans sa chapelle.
Quand vous participez à une émission, vous vous préparez, vous avez un coach?
Un coach, non. Je pense que je connais assez bien mon affaire pour m’en passer. Mais c’est vrai que je me prépare un peu pour bien parler, m’exprimer clairement et faire passer mon message. La télé a ses contraintes, il faut s’y plier. C’est un exercice.
Vous allez regarder l’émission «Masterchef»?
Si j’ai le temps, oui. Sinon, on me raconte.
Peut-on manger en regardant la télé?
Les gens font ce qu’ils veulent mais chez moi, je me suis battu pour qu’on ne regarde pas la télé en mangeant. C’est plus poli et plus sain.
Et dans votre restaurant?
J’hésite à interdire les téléphones portables (rires). Quand on les sert, la première chose que font les clients, c’est de photographier les plats. Je ne comprends pas. Je crois qu’ils veulent impressionner leurs amis en les mettant sur Internet.
Ou pour garder un souvenir?
Mais le souvenir sensoriel est mille fois plus fort. On va au restaurant pour vivre une expérience unique. Les émotions qu’on y a n’apparaissent pas sur une simple photo.