«La Rupture»: Le choc des ambitions Giscard/Chirac façon thriller
TELEVISION•France 3 s’intéresse ce mardi soir à 20h45 aux origines de la haine entre Giscard (Hippolyte Girardot) et Chirac (Grégory Dérangère), de la nomination du second comme Premier ministre à sa démission fracassante en 1976...Annabelle Laurent
«Il est un peu chien fou, mais j’en ferai mon affaire.» Valéry Giscard d’Estaing était optimiste. Deux ans après une alliance de raison conclue à la mort de Georges Pompidou, Jacques Chirac claque la porte de Matignon. Trop de choses les opposent. Une rupture «fondatrice de ce qui est arrivé ensuite à la droite, explique à 20 Minutes Simone Harari, à l’initiative du projet et productrice du film. Sans la connaître, on ne peut pas comprendre Villepin/Sarkozy, ou Copé/Fillon». Un divorce jamais raconté jusqu’à ce téléfilm convaincant.
Ultra-documenté. A Giscard qui lui soumet les noms de Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud, Chirac rétorque «C’est L’Express qui s’installe au gouvernement! Ceux là mêmes qui ont combattu le général de Gaulle!». Viennent la «non-poignée de main» au second Conseil des ministres, le combat pour la loi sur l’avortement porté par Simone Veil, proche de Chirac… Les auteurs Patrice Duhamel (ex-chef du service politique de TF1) et Jacques Santamaria ont puisé dans leurs souvenirs, leurs notes et leurs contacts. De la fiction, oui, mais ultra-documentée.
Intimiste. «Le travers que je voulais éviter, c’était la farce. Ces gens-là ont été guignolisés, explique le réalisateur Laurent Heynemann (Accusé Mendès France). Le but était de les rendre crédibles sans les caricaturer». Les monstres sacrés de politique sont montrés dans leur intimité et leur humanité, comme Jacques Chirac, soucieux de passer trop peu de temps avec Laurence, sa fille malade. Les inconditionnels de fable politique opteront plutôt pour Quai d’Orsay, au cinéma.
Girardot en VGE. On l’avait vu en Claude Guéant dans La Conquête de Xavier Durringer. On retrouve avec plaisir Hippolyte Girardot dans celle de Giscard d’Estaing, un rôle délicat qu’il endosse avec brio. Pour lui, le choix s’est fait «tout de suite», expliquent le réalisateur et la productrice. Grégory Dérangère est convaincant en «pur-sang» désinvolte. Aucun des deux n’a opté pour un jeu mimétique. «Grégory imite très bien Chirac, assure Laurent Heynemann. Mais il l’a bien dit pendant le tournage: "Quand je l’imite, je ne joue plus"».
Thriller et complot. Tourné en partie à l’Elysée «à des dates où le Président était en voyage», le film nous plonge dans les coulisses du pouvoir à la manière d’un policier, rythmé par la musique de Bruno Coulais (Les Choristes). Côté costumes, les chiraquiens sont vêtus de sombre, les giscardiens de clair. Laurent Heynemann a voulu «un film d’ombre à lumière», avec une «atmosphère de complot».