Michelle et Robert King : «"The Good Wife" est une série pochette surprise»
INTERVIEW•Les créateurs de la série dont la saison 4 est actuellement diffusée sur Téva se confient sur leurs méthodes de travail...Anne Kerloc'h
Ils écrivent à quatre mains et répondent en duo. Michelle et Robert King ont signé la subtile série «The Good wife», diffusée sur CBS aux Etats-Unis, et sur Téva en France, après une tentative (arrêtée faute d'audience suffisante) sur M6.
«The Good Wife» est une série à part: à la fois drama, série politique, juridique, comédie, Ce mélange des genres est un atout ou une difficulté?
Robert et Michelle King: C'est surtout infiniment jouissif à écrire. Nous adorons les comédies et avions envie d'insuffler des éléments comiques dans une série sérieuse. C'est un bonheur de savoir qu'à chaque épisode, on surprend le téléspectateur. Il ne sait pas s'il va rire, pleurer. Mais cette complexité se paie aussi. Le côté pochette surprise déstabilise.
En France, la série est diffusée sur le câble, alors qu'aux Etats-Unis, elle est diffusée par CBS...
Oui, les pochettes surprises ne rentrent pas dans les cases! A chaque épisode, on peut perdre les amateurs de série juridique si le procès n'est pas au coeur, l'épisode d'après on les retrouve mais on alors on va perdre ceux qui veulent un drame intense à la «Breaking Bad». Sur les networks, vous avez des héros, sur le câble, des anti-héros. Nous, nous aimons les demi-teintes. Nos héros n'en sont pas vraiment. Alicia use parfois de moyens discutables même si c'est une femme bien. C'est troublant.
Vous tournez à New York et pas à Hollywood...
Alors que nous habitons sur la côte Ouest. Heureusement, notre producteur exécutif est excellent. A New York, vous avez des acteurs fabuleux et le système fiscal est avantageux. C'est ce qui fait de «The Good Wife» une série très rentable.
«The Chicago Code», « Boss », «The Good Wife», c'est quoi cette obsession pour Chicago, Ilinois ?
(Rires). Mais il y a encore plus de séries sur New York et Los Angeles! Chicago est parfaite pour l'intrigue car elle a été marquée par la corruption. Un scandale politico-judiciaire y est crédible. Elle est à la bonne taille aussi, une grande ville mais un peu province.
Ça vous plaît d'avoir plein de guests de séries différentes ?
Nous adorons les acteurs. Et encore plus l'idée de les montrer sous un jour radicalement opposé de leur image habituelle. Matthew Perry, le Chandler de «Friends» est un gentil garçon. Quel bonheur d'en faire un sociopathe supermenteur. Quelle joie de transformer l'adorable Michael J. Fox en avocat retors qui joue de son handicap pour influencer les juges et les jurés.
Vous travaillez à quatre mains, comment cela s'organise ?
Pour bien faire son boulot, un créateur de séries devrait se cloner au moins en trois. Il faut écrire le scénario, veiller à la réalisation, au casting, négocier avec les studios... Alors faire équipe avec la personne que vous aimez, avec laquelle vous êtes phase, c'est le rêve. Il suffit que l'un d'entre nous lance une idée pour que l'autre la rattrape au vol.
Comment Kalinda peut faire son job d'enquêtrice fringuée comme elle est ?
Justement ! Des avocats nous ont expliqué que les meilleurs enquêteurs ne sont pas des hommes mûrs aux faux airs de flics mais des jeunes femmes séduisantes et lookées. Les gens s'en méfient moins.
A propos de Kalinda, on ne peut pas dire que l'arrivée de son mari , Nick, dans la série ait été appréciée du public...
Houlà oui! Les réactions ont été très négatives et on l'a vite évacué. Personne n'a envie de voir Kalinda un peu soumise, maltraitée dans la compétition et l'attraction physique qui régit leur relation. Certains personnages sont fait pour rester éternellement mystérieux, comme surgis de nulle part.
Dans la saison 3, vous avez une vision surréaliste de l'ancien président du Vénézuela Hugo Chavez. Vous pensez vraiment qu'il est comme ça ?
C'est pour nous amuser. Notre amour de la comédie grinçante nous a poussé à faire de lui un personnage clownesque. C'est bon de « Marxbrothériser » l'actualité.
Vous consacrez un épisode à la surveillance de masse menée par la NSA...
Nous avons rencontré des personnes qui travaillent pour la NSA. C'est un des avantages du statut de créateur de série: vous avez un accès facile à tous les milieux. Le thème des nouvelles technologies est majeur dans «The Good Wife» car ces technologies changent le monde. Et puis, cyniquement on avait envie de voir ce que ça donnait si nos personnages étaient espionnés.