Canal+ Séries, «la nouvelle chaîne qui va vous... A suivre», dit la pub. Roulement de tambours, le lancement, c’est ce samedi. Ce qu’on y trouvera? Des séries inédites, comme «Hannibal», «Utopia», «The Americans», des marathons le week-end, des séries comme «Revenge ou «Scandal» diffusées -c’est inédit- deux à sept jours après leur diffusion aux US. Les séries ne manquaient pourtant pas sur Canal. Pourquoi une chaîne dédiée, pourquoi maintenant?

«Les grandes séries évènements» restent sur Canal+

«On a lancé Canal+ Cinéma et Canal+ Sport en 2005, explique Manuel Alduy, directeur du cinéma. Nos abonnés considèrent désormais la série comme un genre aussi important, et, avec deux rendez-vous par semaine, on se sentait à l’étroit. D’autant que la production internationale a fortement augmenté en qualité ces dernières années». Il n’en doute pas: lancée plus tôt, la chaîne aurait été «bancale». Mais bichonner les habitués ne suffit pas. L’objectif est évidemment «de donner un signal sur notre présence sur les séries pour attirer de nouveaux abonnés», confie-t-il, sans communiquer d’objectif chiffré.

Quid de la chaîne mère? Quelle série ira où? «Les grandes séries évènements, on va les mettre sur Canal+, tranche Manuel Alduy. Avec l’ambition qu’environ 15 à 20% de nos abonnés la regardent». D’où le lancement sur la chaîne cryptée d’«House of Cards» le 29 août, en grande pompe, celui lundi de la saison 2 de «Platane» avant, à l’automne, «Tunnel». «Pour la programmation de Canal+, on a des exigences à satisfaire en termes d’événements».

«Canal+ Séries n’est pas marié à un seul studio!»

L’offre est-elle alors assez alléchante pour convaincre de nouveaux abonnés? La question (à 39,90 euros, prix de l’abonnement à Canal+) se pose d’autant plus que son rival OCS vient tout juste de répliquer en annonçant jeudi dernier le lancement ou plutôt la refonte de deux chaînes comprises dans le bouquet (à 12 euros par mois), l’une consacrée aux créations d’HBO («Game of Thrones», «Girls»…), diffusées le lendemain de leur diffusion US, l’autre entièrement à la demande. Le tout en communiquant sur un chiffre bluffant: 1,6 million d’abonnés.

Inquiétant pour Canal? «S’ils l’avaient lancé avant nous, peut-être, car ça nous aurait court-circuités, glisse Manuel Alduy. Là, non. On va toucher 4.800.000 foyers, et on n’est pas mariés à un seul studio! On propose de la diversité, on ne restreint pas simplement à HBO». On y est. Pas de doutes, c’est bien la guerre. Et le discours est rôdé. Canal+ Séries proposera donc des séries en cours de diffusion aux Etats-Unis, avec un délai de «deux à sept jours». Deux jours étant «le minimum technique». Grâce à son accord d’exclusivité avec HBO depuis 2008, OCS peut elle diffuser les séries HBO à «US+24», 24 heures après leur diffusion aux Etats-Unis. Impossible pour Canal de s’aligner.

«Orange s’adresse aux fans de séries, rétorque Manuel Alduy. Nous aussi, mais pas seulement. Tout le monde n’attend pas fébrilement son épisode avec sous-titres dès le lendemain. C’est faux. Nous, on n’est pas une chaîne de niche: on a à la fois des fans, des gros spectateurs de séries qui apprécient la recommandation, et des spectateurs que nous avons initiés à la série». L’argument ultime de la chaîne? «Le lancement d’"House of Cards", six mois après la diffusion américaine, a fait 21,3% de part d’audience. On n’aurait pas eu ce score s’il y avait une telle urgence».