SERIEJoe Manganiello: «“True Blood” montre des monstres se conduisant comme des gens normaux»

Joe Manganiello: «“True Blood” montre des monstres se conduisant comme des gens normaux»

SERIEL'acteur américain Joe Manganiello interprète un loup-garou dans «True Blood», dont la cinquième saison est diffusée sur OCS Max ce mardi à 20h40...
Recueilli par Joël Métreau

Recueilli par Joël Métreau

Comment êtes-vous arrivé dans la troisième saison de «True Blood»?
Des fans de la série «Les Frères Scott», qui avaient lu les romans «True Blood», ont créé un site Internet pour demander que je joue le rôle d’un loup-garou. En voyant cela, les directeurs de casting m’ont appelé pour une audition.

Vous êtes reconnaissant envers eux?
Oh oui, totalement!

Vous connaissiez les romans?
Non, mais j’avais vu tous les épisodes de la série. Enfant, j’aimais aussi les choses gothiques: les vampires, les loups-garous, Halloween, les crânes... Quand j’avais 3 ans, ma mère m’a déguisé en Dracula et m’a amené dans une maison hantée, où j’ai grimpé dans un cercueil. Et je suis un grand fan de la chaîne HBO. Je ne regarde que leurs séries. Elles sont brillantes. Alan Ball, créateur de «True Blood», avait appelé sa série du «pop-corn pour les gens intelligents». Et c’est exactement ce que fait HBO.

Pourquoi les séries sont-elles si populaires, selon vous?
Beaucoup de responsables du financement au cinéma ont pris le prétexte de la crise pour faire des économies, faire des films sans risques et conventionnels. Mais le public est plus intelligent. Dans ce business, de nombreuses décisions sont prises, à partir de chiffres et de tableurs, par des personnes qui ne sont pas des créateurs. Mais HBO a engagé de bons «showrunners» comme Alan Ball, David Milch, Aaron Sorkin, et les ont laissés faire. On obtient une signature, qui n’existe pas dans 99% des films.

Donc «True Blood» est assez intelligent pour le public?
Oui oui, je sais. C’est des vampires, des loups-garous, des gens qui couchent et se tuent entre eux (rires). Mais la série marche dans les pas de Tennessee Williams, mais aussi d’Henrik Ibsen et d’Anton Tchekhov. On y voit des personnages dignes de la mythologie grecque, mais dans la cuisine, en train de faire les courses ou de des taches ménagères. Par exemple, dans «True Blood», il y a cette scène où on voit un couple vampire-humain, Hoyt et Jessica, en train de se disputer parce qu’elle ne veut pas lui faire à dîner, les vampires n’aimant pas la nourriture. Ce genre de scène montre des monstres se conduisant comme des gens normaux. Dans les anciennes pièces grecques, les dieux n’étaient jamais montrés à la maison… Zeus à la cuisine? Ça doit être fascinant.

Vous interprétez Alcide Herveaux, un loup-garou. Comment un acteur travaille sur une créature imaginaire?
On se concentre sur ses aspects réalistes. J’ai étudié les loups, je me suis baladé avec eux... Je les observe, je regarde des documentaires sur les loups, je parle avec ceux qui vivent avec ces animaux.

Vous avez appris quoi?
Comment ils se comportent, comment ils bougent, réagissent entre eux… Leurs grognements, la position de leurs corps… Après, on projette tout ça dans le rôle. Mon personnage vient aussi d’une ville très spécifique des Etats-Unis, Jackson dans le Mississippi. C’est un gars du Sud, qui n’admettrait jamais de demander son chemin à une fille. Dans le Sud, les hommes ne parlent pas beaucoup entre eux. On peut rester côte à côte à regarder un match de foot pendant trois heures sans échanger un mot.

Et physiquement, vous devez aussi vous entraîner, non?
Oui, très dur, deux fois par jour, six jours par semaine. Avec Ron Matthews, qui avait entraîné Hugh Jackman pour les X-Men. C’est brutal. Comme si on allait aux JO!

Comment évolue votre personnage dans la série?
Comme l’avait défini l’anthropologue Joseph Campbell, Alcide Herveaux est l’exemple classique du héros malgré lui. Il ne veut pas faire pas se mouiller, il ne veut pas faire partie de la meute ou abuser de son pouvoir. Il devient un reclus et se cache comme un ermite. A travers les saisons, il change et se rend compte qu’il ne peut plus ignorer sa nature. A la fin de la saison 5, il accepte son destin.