Elle murmure aux oreilles du sapin
•Elle prend un soin jaloux de son grand sapin. Hier matin, Antoinette Pflimlin l'a, comme chaque année, accompagné, de la place du Corbeau à la place Kléber où il trônera pendant toute la période du marché de Noël. Un mini-cortège pour un géant vert d...Sonia de Araujo
Elle prend un soin jaloux de son grand sapin. Hier matin, Antoinette Pflimlin l'a, comme chaque année, accompagné, de la place du Corbeau à la place Kléber où il trônera pendant toute la période du marché de Noël. Un mini-cortège pour un géant vert de 28 m de haut, vieux de 110 ans. Depuis 1993, Antoinette Pflimlin, 58 ans, est la décoratrice en titre du sapin de Strasbourg. Après l'avoir choisi avec soin dans la forêt du Donon dans les Vosges, elle le pare de ses plus beaux atours. Avec, à chaque fois un thème différent. « Je ne lui plaque pas un décor. J'essaie de le mettre en valeur, précise-t-elle. Cette année, le thème "Ciel de Noël" conviendra à cet arbre majestueux. J'utiliserai les boules bleues en cristal de Saint-Louis pour l'habiller. Mais je n'en dis pas plus. Je ne commence la déco que vendredi. »
Comme l'artiste avec sa muse, Antoinette Pflimlin entretient une relation privilégiée avec ses sapins. Sans être pour autant une illuminée de la guirlande, elle avoue, avec une honnêteté désarmante, leur parler. « Avant de couper un sapin, je lui explique sa destinée, comment il va rendre heureux deux millions de personnes. » Pour ses amies et ses collègues, Antoinette est surtout « une enthousiaste » et « une passionnée ». « Je souhaite créer un moment de sérénité et de féerie. Et le sapin permet d'y arriver. Il fait rêver les gens. C'est la magie de Noël qui opère », souligne-t-elle. « Noël a toujours été un de mes moments préférés de l'année. Lorsque j'étais enfant, ma mère se mettait au piano et je répétais avec elle les chants de Noël. »
Fille de Pierre Pflimlin, maire de Strasbourg de 1959 à 1983, Antoinette n'est pas devenue décoratrice de sapin grâce à son nom. Elle a exercé ce métier pendant plus de quinze ans aux Etats-Unis, « l'endroit où tout est possible », avant de revenir dans sa ville natale. « En plus de mon boulot de comédienne, je travaillais dans une boutique new-yorkaise de décoration florale. Un jour, un client est venu demander si nous souhaitions décorer son sapin. Mon sang d'Alsacienne n'a fait qu'un tour. J'ai immédiatement proposé mes services », se souvient-elle. Alors, en 1992, lorsqu'elle lit dans la presse que la région Alsace offre un sapin géant à Bruxelles, elle se propose pour le décorer. « Ensuite, Catherine Trautmann, maire à l'époque, a décidé que Strasbourg, avait aussi droit à son sapin. Elle a fait appel à moi. J'étais la seule experte sur le marché. Décoratrice de sapin : un métier pareil, ça n'existe pas ! », s'amuse celle qui est aussi présidente de l'association Amitiés européennes et fondatrice d'Art et santé, compagnie de clowns à l'hôpital. W