Résultats législatives: Malgré une déroute limitée dans le Grand Est, la droite se prépare à la reconstruction
ELECTIONS•Si elle a résisté dans le Grand Est, la droite a bien perdu au plan national. Aux yeux des élus des Républicains, le bureau politique de mercredi est le premier rendez-vous attendu, où deux lignes vont s'affronter…Bruno Poussard
Dans le Grand Est, la droite a finalement résisté. Avec 25 députés (contre 22 aux représentants de La République en marche), la région fournira un peu moins d’un quart des membres du groupe parlementaire des Républicains. Les fruits d’une vieille implantation dans des coins de Lorraine comme les Vosges, reçues quatre sur quatre.
Mais surtout pas assez pour s’en satisfaire aux yeux des élus de droite de l’Est, notamment en Alsace où neuf circonscriptions (sur quinze) sont conservées malgré quatre perdues. « On a limité la casse mais ce n’est surtout pas une victoire », résume en ces termes le maire de Mulhouse, Jean Rottner, qui avait déjà parlé de « gâchis » après la présidentielle.
« Nous allons reconstruire notre famille mise à terre dernièrement »
« Le score est moins mauvais qu’annoncé une semaine avant, prolonge Nadine Morano, parlementaire européenne et ancienne députée de Meurthe-et-Moselle. Mais il n’est pas à l’image de ce qu’il aurait pu être sans le jeu de certains qui ont déstabilisé notre famille en entrant au gouvernement. » Mais le sujet n’est plus tellement là.
Derrière les analyses et les hypothèses, chacun tente aujourd’hui de calmer le jeu et se projeter vers l’avant. « Nous allons reconstruire notre famille mise à terre dernièrement, car trop souvent des ambitions personnelles ont prévalu sur l’intérêt général », embraye Valérie Debord, porte-parole des Républicains et battue au second tour à Nancy.
Un bureau politique plus qu’attendu ce mercredi 21 juin
Entre un « examen de conscience » et la « réponse aux aspirations des Français », voilà où Jean Rottner, qui défend sa voix de maire, place le curseur des priorités pour son parti. Le bureau politique des Républicains prévu ce mercredi 21 juin promet d’être vif. Leur fête de la musique, à eux, en quelque sorte, tant les débats s’annoncent nombreux.
Nadine Morano, par exemple, espère que les siens auront avant tout la capacité à retrouver une méthode puis se doter d’un chef et d’une personnalité. Et l’ancienne membre de deux gouvernements Fillon sous la présidence de Nicolas Sarkozy de justifier :
« « On a péché par manque de méthode. En 2007, on avait un chef qui tenait la route, et une méthode de travail autour des différentes sensibilités afin de trouver les points de convergence, mais on a perdu ça. Quand François Fillon a gagné la primaire, il a fait un bras d’honneur aux autres en refusant qu’on se mette tous autour de la table. » »
Un affrontement de lignes attendu, mais pas seulement
La Meurthe-et-Mosellane, comme les autres personnalités de droite du Grand Est, ne tient pourtant pas à mettre de l’huile sur le feu. Au contraire : « C’est mieux d’assainir les choses, se parler, parce qu’on n’a pas pu jusqu’à présent avec les positions de nos candidats à défendre ces dernières semaines. Maintenant, la parole est libre ! »
A la même volonté, l’édile Jean Rottner reste lucide sur l’affrontement des lignes politiques à venir en interne. « Laurent Wauquiez a des aspirations, le Premier ministre, Xavier Bertrand ou encore Valérie Pécresse aussi. Mais il faudra d’abord se positionner sur un vrai projet, amener les citoyens sur d’autres perspectives et ne pas être populiste. »
Réaliste, le maire de Reims Arnaud Robinet voit deux sorties à ces échanges : une discussion approfondie et assainie, ou alors une scission au sein des Républicains.
« « Notre formation comporte deux lignes, une très droitière aux positions parfois très radicales, notamment autour d’Eric Ciotti - qui souhaitait dès dimanche soir exclure les macro-compatibles de notre parti -, et une droite plus humaniste, constructive, qui considère qu’il faut avancer, accompagner certaines réformes. Personnellement, je considère qu’il ne faut pas prôner l’exclusion mais rassembler, échanger. » »
Une reconstruction à mener « avec sérénité, pragmatisme et efficacité »
La surenchère vient de la nancéenne Valérie Debord : « Le travail de reconstruction qui nous attend devra être mené avec sérénité, pragmatisme et efficacité. » Reste à savoir si ce message d’unité sera respecté dans ces moments difficiles, dès ce bureau politique tant attendu, les nombreuses échéances électorales désormais passées.
« Nous devrons apprendre à faire confiance à une nouvelle génération, redevenir le laboratoire d’idées que nous avons toujours été, faire revivre nos fédérations en renouvelant nos instances locales », termine cette vice-présidente de la région. Pour faire des Républicains une autre forme de renouveau ? Avec tous les Républicains ?