VIDEO. Football: Du National aux portes de la Ligue 1 avec Strasbourg, les papas Grimm et Liénard remontent le temps
FOOTBALL•Arrivés en 2013 à Strasbourg, les milieux Dimitri Liénard et Jérémy Grimm, 30 ans (ou presque), sont les derniers à avoir connu le retour du Racing en National, désormais aux portes de la Ligue 1 avant d’aller à Niort…Bruno Poussard
L'essentiel
- «On est venu ici pour faire gravir le club (sic). Et là, on a la chance de faire quelque chose de très beau à la fin ! »
- « Contre Lens lundi, je me suis bouché les oreilles quand ils ont marqué parce que j’ai cru qu’ils allaient me péter les tympans. Qu’est-ce que ça doit être à Saint-Etienne, à Marseille ? »
Quatre ans qu’ils vivent ensemble. Arrivés en même temps au Racing en 2013 puis dans le monde pro, Jérémy Grimm et Dimitri Liénard sont vite devenus collègues de chambre et potes tout court. Les deux milieux sont aujourd’hui les « papas » du groupe, les deux derniers du retour du club en National !
Désormais aux portes de la Ligue 1 avec Strasbourg, le Franc-Comtois et l’Alsacien ont encore su se mettre au niveau, bien encadrés et dans la bonne humeur. Entre deux vannes de leurs coéquipiers ou de leurs coachs, ils jettent pour 20 Minutes un regard en arrière, avant un déplacement décisif à Niort ce vendredi (20h30).
On vous a entendu en parler à Lens, alors, vous allez vraiment monter ?
D.L. : Depuis le match du Havre, je commence à prendre conscience de la possibilité. Dire que j’allais au boulot comme tout le monde et qu’aujourd’hui, je suis dans un rêve de gosse. On était tous les deux devant Marseille-Nice la veille du match à Lens, et se dire qu’on pourrait jouer sur ce stade, c’est improbable ! On est tellement proche et tellement loin à la fois… J’ai presque envie de me prendre une patate dans la tête et de me réveiller dans quinze jours pour voir si on est en Ligue 1 ou pas…
Vous avez le sentiment d’être des joueurs particuliers pour les supporters ?
J.G. : On est venu ici pour faire gravir le club (sic). On ne s’imaginait pas que ça allait se faire rapidement et là, on a la chance de faire quelque chose de très beau à la fin ! Avec de tels supporters derrière nous, on est ouvert, on reste simple, c’est tellement agréable.
D.L. : C’est passé tellement vite ! On se disait que s’imposer en National serait déjà beau et puis on a connu une année de galères, on a raté l’accession de peu et on est monté. Découvrir la Ligue 2 aujourd’hui en passant une telle année, où on est des éléments un peu « clés » de la réussite, et pouvoir accéder à l’élite, je n’arrive pas à y croire. Si ça se fait contre Bourg, je vais m’effondrer, ça va pas être possible…
Dans ces moments, vous regardez parfois en arrière ?
D.L. : On n’a pas une vie de pro ! Quand je rentre, ça m’arrive encore d’aller sur le tracteur chercher du bois en forêt avec mon beau-père, d’aller voir mes potes en district avec des vaches autour du terrain […]. Mais si on a réussi, c’est grâce au public. Voir ces supporters à Lens pleurer, être là pour nous… Alors qu’on se revoit à leur place, dans ces stades, Jérémy ici, moi à Bonal. Pouvoir maintenant faire vivre ça, j’en ai des frissons. C’est in-cro-ya-ble !
J.G. : Quand tu regardes d’où t’es parti, c’est une fierté. Aujourd’hui, on apprend, on progresse, on a envie de goûter encore plus haut (sic) et on croque là-dedans à 200 %.
Vous souvenez-vous de votre premier match avec ce maillot ?
D.L. : Le premier match officiel, c’était le même, contre le Red Star, sur leur synthétique, 1-1. C’était la première sortie où je découchais, parce qu’avant, je ne partais jamais la veille pour un match. Ça a été un réel changement […] ! Et pour Jérémy, la première saison a été compliquée, il est plus réservé que moi. Mais le feeling est tout de suite passé parce qu’on est tous les deux des mecs « de village » et on s’est soutenus chez les pros, où ce n’est pas le monde des bisounours.
Certaines recrues vous ont-elles marqué ?
D.L. : Le club a recruté intelligemment. On n’a jamais eu de Messi ou de Ronaldo, mais chacun a aussi apporté humainement, en plus du foot. Cette année, Baptiste, Kader, Khalid, Jean-Eudes, Landry, Gonz’sont tous des mecs avec qui tu peux rigoler. C’est bon enfant dans le vestiaire et tous sont des guerriers sur le terrain, avec la dalle.
J.G. : Dans n’importe quel job, l’important, c’est de ne pas y aller à reculons. Quand on vient au stade, c’est avec le plaisir de retrouver les potes pour avancer, tenter d’obtenir un truc avec eux.
Votre popularité a-t-elle évolué ?
D.L. : Pour le dernier match, j’ai l’impression que si le stade comptait 60.000 places, ce serait aussi plein. On doit en profiter un max et rendre ce plaisir. Quand tu vas faire les courses, qu’on te parle, qu’on te demande un autographe, c’est incroyable de repenser d’où on vient. Gamin, à Sochaux, j’avais peur d’aller voir Santos dans la rue !
Vous avez des demandes improbables ?
D.L. : J’en ai une à la maison qui fait assez la grimace ! Je connais ma femme depuis longtemps, et aujourd’hui, ça lui fait bizarre que plein de gens viennent me voir. Il ne faut pas que ça dépasse les limites, mais on sait faire la part des choses.
J.G. : On est tellement supporté, ils veulent des autographes, des photos, des maillots, des chaussures…
D.L. : On nous demande même de venir à des anniversaires surprises !
Craignez-vous un changement nécessaire dans votre vie en cas de montée ?
J.G. : Pas du tout ! Puis rien n’est encore fait, et ce n’est pas sûr que l’on puisse y jouer. Si on y arrive, à nous de bosser pour en faire partie. C’est un autre monde.
Qu’est-ce qui vous ferait le plus kiffer en Ligue 1 ?
D.L. : Etre si près de pouvoir jouer contre le PSG, Di Maria, Cavani, Verrati, Thiago Silva, découvrir ce monde, dans ma tête, ça a toujours été impossible ! Contre Lens lundi, je me suis bouché les oreilles quand ils ont marqué parce que j’ai cru qu’ils allaient me péter les tympans. En quittant le terrain, je me croyais à la sortie d’une boîte de nuit. Au Chaudron ou au Vélodrome, qu’est-ce que ça doit être ?