Affaire Fillon: « Un pacte moral est rompu, les explications ne tiennent plus », estime le maire de Mulhouse Jean Rottner
POLITIQUE•Le maire de Mulhouse et vice-président du Grand Est, Jean Rottner (Les Républicains), est l’un des premiers signataires d’un appel au retrait de François Fillon paru jeudi en fin d’après-midi…Propos recueillis par Alexia Ighirri
La liste des défections s’allonge. Depuis l’annonce de François Fillon de maintenir sa candidature malgré sa convocation le 15 mars en vue d’une mise en examen, plusieurs politiques de la droite et du centre se sont retirés de sa campagne. Le Parisien a révélé jeudi après-midi que des maires préparaient un texte appelant François Fillon à retirer « immédiatement » sa candidature à la présidentielle.
Dans ce texte, publié dans l’Opinion, les élus de droite et du centre évoquent une « situation de confusion et de désordre » et estiment que « les conditions ne paraissent plus réunies pour que notre candidat puisse porter sereinement notre projet et nos valeurs ». Les signataires demandent « solennellement à François Fillon de prendre ses responsabilités et de tenir sa parole face aux Français en retirant sa candidature en cas de mise en examen ».
Parmi la vingtaine de premiers signataires de cet appel, et présenté comme l’un de ses instigateurs : le maire Les Républicains de Mulhouse et vice-président de la région Grand Est, Jean Rottner.
Jean Rottner, pourquoi avoir signé ce texte ?
On est quelques maires, après avoir passé un mois à serrer les dents, à dire qu’il faut faire de la politique autrement. Et dans ce cadre, quand on fait une promesse, il est nécessaire de la tenir. François Fillon a dit une chose au JT de TF1 (qu’il ne serait pas candidat s’il était mis en examen). La mise en examen semble se confirmer. Les Français ne comprendront pas qu’il ne tienne pas sa parole. Il y a un pacte moral qui est rompu. Il est maintenant nécessaire de penser à l’intérêt collectif.
En tant qu’élu local, avez-vous été interpellé sur le sujet ?
J’étais au salon de l’agriculture et deux Alsaciennes m’ont dit : “Monsieur le Maire, nous ne sommes pas de gauche donc on ne peut pas voter à gauche. On ne veut pas voter Macron et on ne votera pas pour l’extrême droite. Mais comment voulez-vous qu’on vote pour la droite aujourd’hui ? Qu’est-ce qu’on fait ?”. Voilà le type de témoignages dubitatifs et quotidiens que l’on a sur le terrain.
Si François Fillon retire finalement sa candidature, qui pourrait être votre candidat ?
Ce n’est pas le problème aujourd’hui. Ce n’est pas un appel d’une équipe contre une autre. Si vous regardez les signataires, il y a des Sarkozystes, des Le Mairistes, des Juppéistes… Il y a une nécessité à rétablir la confiance, on n’est pas dans un calcul politicien d’écuries. Il faut revenir à des choses simples, renouer avec la confiance. La confiance est importante en politique. Il est encore possible de gagner l’élection, si le débat porte sur le fond et les idées. Or François Fillon est en permanence rattrapé par les affaires. Et ses explications ne tiennent plus, les Français ne les comprennent plus.
Et si François Fillon se maintient, pour qui voterez-vous ?
Encore une fois, ce n’est pas la question. La question c’est de savoir comment on est crédible. Mais aujourd’hui on ne sait pas s’il est en capacité de se présenter. Je n’ai pas encore donné mon parrainage. Et je compte garder ma liberté de parole.
Avez-vous été surpris par sa décision de rester candidat ?
On a vécu un psychodrame mercredi. On nous a dit oui, ensuite non… Et puis on apprend que tout avait déjà été décidé. Il y a maintenant une fuite de ceux qui ne veulent plus travailler avec lui en campagne. Et puis, il y a eu cette remarque désespérante de François Fillon ce jeudi quand il dit “Les élus ? On fera sans eux”. Or quand on veut être Président de la République, on a besoin de tout le monde.