Pourquoi le «people politique» Florian Philippot (FN) agace les autres candidats aux régionales
POLITIQUE•Fréquemment invité des radios et télévisions nationales, la tête de liste FN en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine est sans doute le candidat le plus connu de ces trois régions…Alexia Ighirri
Marine Le Pen, dont le passage dans l'émission de France 2 Des paroles et des actes fait polémique, n’est pas la seule à susciter des débats quant à son traitement médiatique. En Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, la question se pose aussi.
« Il a juste besoin d’apparaître alors que les autres doivent se faire connaître ». Par cette phrase, le professeur des universités et directeur éditorial de l’Observatoire de la vie politique en Alsace Philippe Breton a résumé la situation de Florian Philippot (FN) et des autres principales têtes de listes aux élections régionales dans la grande région Est.
En face de Philippe Richert (LR) et Jean-Pierre Masseret (PS), actuels présidents de la région Alsace et Lorraine qui font campagne pour appréhender les régions voisines, Florian Phillipot est en effet sans doute le seul à être connu de tous. Une notoriété qu’il doit en grande partie à sa présence médiatique sur les radios et chaînes de télés nationales.
« A 12h40 je réagirai sur @Europe1 à la #ConfPR puis à 13h05 sur @RTLFrance et 13h15 @BFMTV — Florian Philippot (@f_philippot) September 7, 2015 »
Entre l’Alsacien Richert et le Lorrain Masseret, « chacun est connu localement mais pas dans l’ensemble de la région. C’est un handicap pour chacun d’entre eux. Ce sont des personnalités très locales. Est-ce que c’est un bon choix stratégique ? Ce n’est pas sûr », poursuit Philippe Breton.
« Il faut en profiter »
Au FN67, on se réjouit de cette situation : « Pour une fois qu’on bénéficie d’une exposition médiatique et d’une personnalité appréciée, il faut en profiter. C’est un homme extrêmement sollicité. Quand il parle à la télévision, il parle à des milliers de personnes. Et on veut sauver toute la nation », dixit Laurent Gnaedig, secrétaire départemental.
Les autres candidats ne se voilent pas la face : « Oui j’ai un déficit de notoriété. Pas en Alsace, mais sur la grande région, clame Philippe Richert, plaisantant sur l’omniprésence de son opposant sur BFMTV. Mais ça ne sert à rien de le dire. Moi, si je me suis présenté c’est parce qu’il y a un enjeu ».
Le candidat des Républicains s’est néanmoins fait connaître à une plus grande échelle en raison des propos polémiques sur la « race blanche » tenus par Nadine Morano, alors sa colistière. Actualité pour laquelle l’Alsacien, qui avait demandé à ce que l’eurodéputée soit retirée de sa liste, a eu accès aux médias nationaux.
« "Il faut que Paris prenne ses responsabilités. Je les remercie" @PhilRichert #unissonsnosenergies #Regionales2015 pic.twitter.com/ZOKuf7G5Qa — Unissonsnosenergies (@nosenergies) September 30, 2015 »
« Un people de la politique »
Même si elle a l’avantage de connaître les trois régions Est, grâce à ses mandats d’eurodéputée notamment, Sandrine Bélier, tête de liste EELV, dit aussi « le ressentir au quotidien. C’est la star de la petite phrase, un people de la politique. Il vient en tant que cadre d’un parti, c’est le profil même du politicien », estime la candidate, dénonçant « un paradoxe : il a accès à tous les médias, et on ne l’entend pas sur l’Europe [Florian Philippot est eurodéputé] et assez peu sur les enjeux des régions ».
Autre reproche fait à Florian Philippot par ses adversaires : sa présence, ou plutôt absence, sur le terrain. « Ce serait bien qu’il vienne le voir dans sa diversité. Pourquoi n’était-il pas à Châlons-en-Champagne quand on a tenu un début sur l’économie de la ville ? J’espère que les électeurs vont voter pour ceux qui sont engagés pour la vie quotidienne des citoyens », martèle Jean-Pierre Masseret.