En attendant de savoir quel sort réserveront les parlementaires à l'Alsace à l'issue de la seconde lecture du projet de loi de réforme territoriale, la manifestation du samedi 11 octobre, réunissant les Alsaciens opposés au mariage de leur région avec la Lorraine et la Champagne-Ardenne mais favorables à la création d'un conseil unique d'Alsace, fera date sous bien des aspects.
La mobilisation populaire. Le président de la région Alsace, Philippe Richert, estime avoir atteint son objectif: celui de réunir au moins 10.000 personnes sur la place de Bordeaux à Strasbourg. Selon la police, la participation a atteint 7.000 personnes au plus fort de l'affluence vers 16h, tandis que les organisateurs annoncent jusqu'à 20.000 manifestants. Reste qu'il est rare de voir une telle mobilisation en Alsace, ses habitants étant peu habitués à descendre dans la rue par milliers. Pour Les Echos, «depuis l’affaire du synchrotron en 1984, jamais l’Alsace n’avait manifesté une telle colère vis-à-vis du gouvernement en place.» Cette manifestation aura même réussi à réunir Haut-Rhinois et Bas-Rhinois.
« "Paris" a réussi à réconcilier les bas-rhinois et les haut-rhinois \o/. #manifalsace — Xavier (@xrmartin) October 11, 2014 »
La droite unie. La réunion du Bas-Rhin et du Haut-Rhin vaut aussi du côté des élus. La droite alsacienne, l'UMP en tête à l'origine de cette manifestation avec les chambres consulaires régionales, s'est montrée plus unie que jamais pour s'opposer au projet de réforme territoriale samedi. Elus de grandes agglomérations ou de petits villages alsaciens se sont retrouvés derrière leurs chefs de file: le maire de Mulhouse, Jean Rottner, le député du Haut-Rhin Eric Straumann ou encore le président de la région Philippe Richert. La mobilisation ne se résume bien évidemment pas aux limites de l'UMP alsacienne, les participants venant parfois de la gauche et de la droite du parti majoritaire. Autre pari réussi pour la droite alsacienne: «tout scepticisme vis-à-vis de cette manifestation équivaut à un ostracisme immédiat, pour trahison», souligne Rue89 Strasbourg.
Les trains à cinq euros. Une vive polémique est née suite à l'annonce de la région Alsace de la mise en place d'un tarif préférentiel pour venir manifester: cinq euros l'aller-retour en TER contre 36,40€ en tarif plein. Opération commerciale pour les uns, «utilisation indue de fonds publics» pour les autres (notamment les socialistes), les trains à cinq euros n'ont pas fini de faire parler d'eux.
« #manifalsace Qui a profité du tarif spécial pour faire ses emplettes ou une promenade à Strasbourg ? http://t.co/YR7M7sfrvI — CercleRépublicain68 (@CercleRep68) October 11, 2014 »
Le collectif Destocamine, qui milite pour le déstockage complet du site de Stocamine dans le Haut-Rhin, a adressé une lettre à Philippe Richert (qui est favorable au déstockage des déchets) demandant «à l’instar de votre décision de permettre à tous les Alsaciens de se rendre à Strasbourg le 11 octobre grâce à un billet de TER à 5€» que cette offre soit renouvelée «afin de permettre à tous les Alsaciens, du nord au sud de notre région, de venir soutenir le Collectif Destocamine le 18 octobre prochain, à 14h à Wittelsheim devant l’entreprise MDPA/Stocamine.»