A Strasbourg, les blessés du Pourtalès témoignent
JUSTICE•Des corps brisés, des carrières interrompues et les souvenirs « d'une nuit d'horreur ». Jusqu'à la fin de la semaine, les parties civiles évoquent devant le tribunal correctionnel de Strasbourg « l'avant et l'après Pourtalès ». Car la chute d'un plat...©2006 20 minutes
Des corps brisés, des carrières interrompues et les souvenirs « d'une nuit d'horreur ». Jusqu'à la fin de la semaine, les parties civiles évoquent devant le tribunal correctionnel de Strasbourg « l'avant et l'après Pourtalès ». Car la chute d'un platane du parc municipal sur la tente où les victimes s'étaient abritées de la pluie – faisant treize morts et une centaine de blessés – a profondément bouleversé leur vie. Alain Lescure, 43 ans, blessé à la colonne vertébrale et à la tête, raconte qu'il s'était rendu « en confiance » à ce spectacle annoncé sous les couleurs de la mairie : « Ce n'était pas des gamins qui organisaient un concert dans leur garage. »
Ce soir du 6 juillet 2001, quand la tente se soulève sous l'effet d'une violente rafale de vent, il est trop tard pour fuir : les guirlandes de lumière explosent, une nuit d'encre enveloppe les spectateurs désormais coincés sous l'arbre. « Je me suis réveillé au milieu des morts », près d'une femme au crâne défoncé et d'un petit garçon dans le coma, poursuit Alain Lescure. « C'était ma mère et mon neveu », sanglote Marie-Pierre Klut. « Que les autorités dont dépendait ce concert se montrent aussi dignes que les victimes, demande-t-elle. Des gens leur ont donné leur confiance en votant pour eux : ils se devaient de protéger leur intégrité physique et morale. »
Depuis le drame, Claude Bouly, elle, a dû abandonner sa carrière de harpiste, n'ayant jamais recouvré l'agilité de ses mains. « Je ne suis plus celle que j'étais. J'ai beau être croyante, j'en veux à ceux qui n'ont pas fait tout ce qu'ils pouvaient pour éviter ça. »
Jeanne Mahé