Mouhammadou Jaiteh, la tête et les grandes jambes
Basket La SIG à Boulogne pour une place en demie de Coupe de FranceJoseph Delouvrié
Il y a six ans, il découvrait le basket. Aujourd'hui, on lui prédit un avenir en NBA. Mardi, à Boulogne (Pro B), Vincent Collet va retrouver Mouhammadou Jaiteh (18 ans) en quart de finale de la Coupe de France. Le coach de la SIG a déjà utilisé « Mam » comme sparring-partner de l'équipe de France. Il aimerait même, paraît-il, le recruter cet été. Visiblement, il n'est pas le seul. « Même pour un match dans un trou perdu, il y a entre cinq et dix scouts NBA [recruteurs] », assure Jonathan Rousselle.
Meilleur espoir de N1 l'an dernier, Jaiteh confirme cette saison avec la troisième évaluation de Pro B (16, 6 points, 9, 9 rebonds), la première côté français. Une réussite express chez les pros. « C'est ça le plus fou, lâche le meneur boulonnais. Certains n'ont même pas le sens du jeu après dix ans de Pro B, et lui l'a déjà. » Surtout, le géant (2, 08 m, 110 kg) n'est pas qu'un physique. « Son plus gros talent, c'est sa tête », précise Rousselle. Raisonnable, Jaiteh a décliné l'été dernier les offres d'universités américaines et de Pro A. « Je n'ai pas beaucoup d'années de basket, rappelle-t-il. Il faut que je joue un maximum. »
Freiné cet hiver par une blessure au pied, le jeunot est reparti de plus belle (23, 6 pts et 14 rbds en mars). Et n'oublie pas de bosser. « J'en ai besoin, c'est sûr. Mais surtout, j'en ai envie. » Le gamin a quand même des défauts, non ? « Peut-être dans la vie privée, glisse Rousselle, mais côté basket, je n'en vois pas. En plus, c'est un mec adorable, toujours prêt à déconner. » Et surtout proche de décoller. « Au bout d'une semaine avec lui, j'ai pensé NBA, confie Rousselle. Il faudrait être bête pour vouloir le garder, ce serait le freiner. » Jaiteh lâche : « J'ai encore le temps de penser à tout ça, mais j'ai prouvé que j'étais capable de dominer la Pro B, ce serait logique de passer un cap ». Il pourra déjà se jauger, ce soir, face au pivot de la SIG Alexis Ajinça, meilleure évaluation française de Pro A. Un ex-NBAer, qui, à bientôt 25 ans, ferait presque figure d'ancien à côté du jeune « Mam ».