Un suivi utile après un cancer du sein
SANTÉ Le centre Paul-Strauss a mis en place des ateliers pour accompagner les anciennes patientesSébastien Ruffet
On ne meurt plus systématiquement d'un cancer du sein, mais les conséquences physiques et psychologiques sont bien réelles. Le traitement hormonal provoque des chamboulements parfois inquiétants, comme des troubles de la mémoire. Lancés en avril 2011, les stages pluri-disciplinaires (kiné, diététicienne, psychologue-esthéticienne…) du centre Paul-Strauss, à Strasbourg, ont donc pour but d'accompagner et d'expliquer ce qui se passe. « Même quand on est bien entourés, le combat, c'est notre combat, note Christiane, qui a vaincu son deuxième cancer. Autour de nous, le cancer, c'est un tabou. Le mental devient très important, parce que moi, quand j'ai annoncé ma maladie, on m'avait déjà enterrée. » Le cancer garde une image détestable, « comme s'il était contagieux, glisse Ghislaine. Dans ces ateliers, on trouve une ambiance de convivialité qui nous a beaucoup soutenues. Ici, je me suis rendu compte qu'il fallait que je réapprenne à vivre, car on a tendance à se comporter en malade quand on sort. »
Vaincre la solitude
La chef du service psycho-oncologie, Eliane Marx, a remarqué « une énorme solitude à la sortie du traitement. Elles ont du mal à exprimer les difficultés, à trouver les mots. » Ces questionnements, Audren Bousinière, la kiné, les a remarqués dès 2008. « On me demandait quel régime adopter, quels soins entreprendre… Alors j'ai sollicité mes collègues, et on a décidé d'arrêter de faire du bricolage et de mettre en place un vrai projet. » Francine Pfeil-Thiriet, la coordinatrice du projet, regrette « les refus essuyés à cause des transports. Beaucoup de patientes ne peuvent pas participer parce qu'elles habitent trop loin, et les frais ne sont pas pris en charge ». Pourtant, les 44 femmes qui ont participé, se sont unanimement dites satisfaites et conseilleraient ce programme aux autres patientes. Ghislaine conclut : « On met toutes les chances de notre côté pour éviter une récidive, notre crainte à toutes. »