INTERVIEWLucas Pouille: «Je n’essaye pas de faire le beau garçon»

Lucas Pouille: «Je n’essaye pas de faire le beau garçon»

INTERVIEWLe joueur français nous parle de son caractère et de son image de «gentil» sur le circuit, avant les deux grands rendez-vous de sa fin de saison, le Masters 1000 de Bercy et la finale de la Coupe Davis...
Nicolas Camus

Propos recueillis par Nicolas Camus

L'essentiel

  • Lucas Pouille se prépare pour deux rendez-vous importants de sa fin de saison, le Masters 1000 de Bercy et la finale de la Coupe Davis.
  • Le joueur français nous a accordé un entretien, dans lequel il évoque son caractère et son image de «gentil» sur le circuit.

Ça nous avait frappé lors du dernier Roland-Garros, et on en avait d’ailleurs fait un article. Lucas Pouille, 23 ans, n’est pas seulement l’étendard de la relève du tennis français, il est aussi un mec cool. Tout le monde apprécie le « gentil Lucas », le public comme les autres joueurs, mais l’adjectif n’est pas forcément perçu comme un compliment quand on veut ferrailler avec les tueurs du top 10 mondial. Ça, en tout cas, c’est pour l’impression extérieure. Avant le Rolex Paris Masters, aka le Masters 1000 de Bercy, diffusé à partir de lundi sur Canal +, on lui a demandé ce qu’il en pensait. Un entretien réalisé avant sa victoire à Vienne dimanche face à Jo-Wilfried Tsonga.

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Cette image de gentil, elle est justifiée, selon vous ?

Justifiée, je ne sais pas… Je n’ai pas l’impression d’être méchant envers qui que ce soit, c’est sûr, mais je n’essaye pas du tout d’être apprécié de tout le monde, je n’essaye pas de faire le beau garçon, d’être gentil. J’essaye juste d’être moi-même et de montrer qui je suis, pas une facette de moi qui n’existe pas.

Est-ce que ce côté-là peut être un obstacle pour atteindre le plus haut niveau ?

Je n’ai jamais entendu dire que Rafael Nadal était quelqu’un de méchant en dehors du court. Evidemment que pour moi c’est compatible. On peut être bien élevé et respectueux en dehors et se transformer pour avoir un état d’esprit de vainqueur sur le court.

Comment se passe cette transformation pour vous ?

J’ai mes petits trucs, mes rituels. Ce sont tout le temps les mêmes. La demi-heure avant de rentrer sur le court, je suis déjà prêt. Je suis très concentré, et une fois que je rentre, c’est parti.

Pour aller chercher un match compliqué, il faut savoir parfois « sortir de soi », se transcender. On a l’impression que pour vous ça peut être difficile…

Quand je ne montre pas d’émotion, ce n’est pas parce que je suis inhibé, c’est juste ma façon à moi d’être sur un terrain. Je vais encore prendre un exemple chez les tout meilleurs : Federer n’est pas quelqu’un qui crie après chaque point, qui s’encourage à outrance pour faire lever le public à chaque fois. Il y a des moments importants, où il va se pousser un peu plus, mais la plupart du temps, si on ne regarde pas le score, on ne pourrait presque pas savoir s’il est en train de gagner ou de perdre. Ça, c’est son truc à lui. Rafa s’encourage bien plus, Murray va râler. Moi, si je ne montre pas d’émotion, c’est que c’est important pour moi, ça m’aide à rester concentrer, lucide. Il y a tout de même des moments où je vais sortir cette rage en moi, ça peut arriver.

Vous avez le souvenir d’un match, en particulier, où ça vous est arrivé ?

Oh, il y en a pas mal… Contre Nadal à l’US Open [victoire en 5 sets en 8e de finale, en 2016], à Roland cette année quand je joue Ramos [3e tour] ou Bellucci [2e tour]. De toute façon, sur les matchs tendus où il y a du public, ça arrive forcément ces moments où je m’extériorise beaucoup. C’est important de montrer au public qu’on a besoin de lui aussi.

Lucas s'extériorise.
Lucas s'extériorise. -  Ronald Zak/AP/SIPA

Face à Schwartzman, lors du dernier US Open [défaite en 8e de finale], ou Lajovic, en demi-finale de Coupe Davis [défaite surprise lors du premier match], il ne vous a pas manqué ce petit truc en plus ?

Je ne pense pas que ça ait un rapport. Lajovic, s’il ne fait pas ce coup droit let gagnant, ça fait deux sets à un pour moi et ce n’est peut-être pas la même chose derrière et on ne serait pas là aujourd’hui à parlerde ce match. Il y a eu deux-trois erreurs de ma part, liées sûrement à un petit manque de confiance parce que j’ai moins gagné récemment, mais pas lié au fait d’être inhibé. En tout cas, je n’ai pas l’impression qu’il me manque ce côté « méchant » sur le court. Certains peuvent peut-être le penser, je ne sais pas, mais dans ma tête ce n’est pas ça.

Ce tournoi de Bercy, puis la finale de la Coupe Davis, cela fait deux beaux rendez-vous à domicile. Jouer en France, ça vous plaît ou ça vous intimide ?

Non ça me plaît, vraiment. Pour moi, jouer à Bercy, c’est un des objectifs de ma saison. Avoir le public derrière moi, j’adore. Mais je n’ai pas l’impression d’avoir besoin de créer un lien particulier. A Roland-Garros, il y a eu un bel engouement, sur chaque match atmosphère incroyable, ils étaient tous derrière moi. J’ai vraiment passé de grands moments avec le public. J’espère que ça sera pareil à Bercy. J’aime bien, en tout cas, il y a toujours une atmosphère très particulière.

Si vous étiez face à Yannick Noah là maintenant, vous lui diriez quoi pour le convaincre de vous sélectionner pour la finale de la Coupe Davis ?

(Il réfléchit)… Rien. Non, je n’ai rien à dire, j’ai juste à montrer sur le terrain. Pour moi c’est bien beau de parler, au final la réalité est dans les résultats. C’est là-dessus que le capitaine fera sa sélection. Et là-dedans Bercy sera important, oui.