TENNISRoland-Garros: Comment Mladenovic joue avec le public parisien

Roland-Garros: «Faut qu’elle rentre en mode Rocky Balboa», comment Mladenovic joue avec le public parisien

TENNISLa Française utilise à son profit la pression des spectateurs pour la tourner contre ses adversaires…
Julien Laloye

Julien Laloye

De notre envoyé spécial,

Sur les rapports entre le public de Roland-Garros et les joueurs français, on a souvent écrit la même chose : trop de pression, trop d’attentes, trop de stress, trop d’espoirs déçus. Et puis est arrivée Kristina Mladenovic, qui se sert du public comme si elle jouait adossée au mur jaune du Borussia Dortmund. Elle en a même fait chialer sa dernière adversaire, la tenante du titre Garbine Muguruza, abandonnée à elle-même dans la Bombonera du Lenglen. Il faut dire que depuis le début de la quinzaine, la Française a usé avec justesse de tous les stratagèmes pour faire monter la sauce bien proprement.

  • Step 1 >>> Le coup de la douleur insoutenable contre Bady pour poser les bases de la belle histoire
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  • Step 2 >>> Les « Forza Forza » criés juste assez fort après chaque point pour faire dégoupiller Errani

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  • Step 3 >>> Une remontada bluffante sous un ciel d’une noirceur majestueuse contre Rodgers
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  • Step 4 >>> Les appels à la foule réguliers pendant les jeux de services de Muguruza pour la fragiliser un peu plus
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  • Step 5 >>> La communion post-match qui monte en gradation jusqu’à la symbiose totale. Une ola avec chaque tribune du Lenglen, puis ce discours exceptionnel conclu par un vibrant « ON est en quarts de finale », à enseigner dans les écoles de communications.
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Ça en touchera une sans faire bouger l’autre aux amateurs de sport co’, mais comprenez bien que ça détonne dans le petit monde feutré du tennis,où on est censé applaudir poliment trois secondes entre les points. A part l’Américaine Rodgers (« Les fans français sont géniaux, ils adorent leurs joueurs, il y a une super atmosphère »), toutes les adversaires de Kiki ont détesté. La Française le sait bien, et elle en joue remarquablement, même si elle nous raconte le contraire.

« « C’est magnifique de voir une atmosphère pareille, on a plutôt l’habitude de jouer devant un public soit partagé, soit contre soi, mais je n’ai pas la sensation d’exagérer. J’ai cette attitude qui fait que j’entraîne le public, j’ai envie de lui rendre ce qu’il me donne. C’est normal de voir les gens choisir leur favori et en profiter un peu. Mais ce n’est pas facile à gérer pour moi non plus, c’est à double tranchant. Avec cette attitude-là, je me fous aussi la pression à bloc, j’entraîne tout le monde, et le public français peut aussi être dur quand ça se passe mal. C’est compliqué de porter l’espoir de milliers de gens sur mes épaules. Ça peut se retourner contre moi si j’ai envie de pouvoir me concentrer à un moment dans le match et que le public est incontrôlable. » »

Pas à nous Kristina. On en revient encore à ce speech après sa victoire en huitièmes. Santoro qui ne prend même pas la peine de poser une question.

  • « Adresse-toi à ton public Kristina, vas-y je te laisse le micro »
  • « Je veux juste vous dire merci. C’est un match qu’on attendait tous, un match que j’attendais. Tout n’était pas parfait, j’ai encore fait 36 doubles fautes devant vous, mais le courage et la force que vous me donnez c’est juste inimaginable, c’est grâce à vous que je vais chercher chaque petit point. ON est en quarts de finale. »

Imaginez alors l’électricité du public, les déclarations d’amour qui tombent, les gens debout qui célèbrent leur « Kiki » à n’en plus finir, l’ovation qui ne veut pas mourir. On a partagé ce moment avec Mathias Malzieu, le chanteur de Dionysos, habitué à défier les foules rugissantes et à les mettre dans sa poche. C’était enrichissant.

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Est-ce que Mladenovic est une bonne manipulatrice de foule, dans le sens positif du terme ?

« Je ne sais pas si c’est de la manipulation. Je pense qu’elle est plus consciente de l’impact qu’elle peut avoir sur le public et c’est très bien comme ça. Quand j’étais môme et que je voyais Noah se transcender sur un cinq sets au 2e tour pour avoir une ambiance de finale, je trouvais ça génial. Il faut qu’il y ait un certain respect pour les adversaires, mais je suis pour cet excès d’adrénaline. Ça amène de la dramaturgie et c’est ce qui fait qu’on se rappelle de ces matchs pendant longtemps. »

Faut-il l’assumer dans un milieu qui n’en a pas trop l’habitude ?

« C’est un sujet fragile. Quand tu fais monter l’intensité d’un public et que tu le fais réagir très fort, tu augmentes une densité, mais ça devient explosif. Moi la chance que j’ai, c’est que les gens viennent écouter mes chansons, et à part si je les oublie ou si je fais n’importe quoi, je vais pas gagner ou perdre. Elle, si elle soulève tout le monde et qu’elle se met à faire n’importe quoi, est-ce qu’au contraire le public va continuer à la suivre, ou est-ce que ça peut se retourner contre elle ? Mais pour l’instant, Mladenovic, c’est un petit peu la fiancée de Roland. »

Comment doit-elle se comporter pour son prochain match ?

« Elle doit y aller direct. Sur ma dernière tournée, j’arrivais par la salle avec un harmonica et un mégaphone. Je pouvais haranguer la foule d’emblée. Ça gueulait d’entrée de jeu, j’étais déjà dans le match. Il faut réhabituer un lieu à chaque nouveau concert, à chaque nouveau match. Mercredi, Mladenovic joue sur le Chatrier. Le court est moins explosif, les gens sont plus loin. Ce que j’aimerais voir en tant que spectateur, vu qu’elle a pris le pouvoir sur ce truc-là et qu’il se passe un truc, c’est qu’elle l’utilise d’entrée de jeu. Moi à sa place, j’arrive sur le court et je vais chercher les gens, même si c’est "too much". Evidemment elle se fera casser si elle perd, mais cette nana, elle a une grande gueule, moi je dirais "vas-y à la Rocky Balboa", quitte à agacer. Ça peut lui donner un capital confiance délirant. »

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Le dernier mot avec la prochaine à y passer, Timea Bacsinszky, qui n’a pas l’air de s’en formaliser plus que ça. « Je sais bien que le public ne sera pas de mon côté, tant pis ! Je jouerai pour moi-même, je jouerai pour mon équipe. Parfois, un simple regard avec le coach suffit pour m’encourager. Et si ça se trouve, il y a plein de Suisses qui ont acheté des billets. Regardez, avec Stan et tout ça, peut-être qu’il y aura quelques drapeaux rouges à croix blanche dans les tribunes. Ce sera super amusant, c’est certain ». Amusant et bruyant.