A Roland-Garros,

Si on n’a pas beaucoup vu le soleil durant ce Roland-Garros, peut-être a-t-on assisté à la première victoire majeure d’une star du tennis. A 22 ans, Garbine Muguruza a renversé la tenante du titre Serena Williams en deux sets (7-5, 6-4) et c’est une bonne nouvelle pour le tennis, tant une victoire d’une Américaine bien laborieuse aurait signifié l’absence totale de concurrence chez les filles. Mais ce n’est pas la seule raison de vous satisfaire de ce succès de l’Espagnole.

• Elle est partie pour durer
  

On ne vous pariera pas notre poids en foie gras, mais on a de bonnes raisons de penser que Garbine (prononcez Garbigné) ne sera pas un one-shot à la Anastasia Myskina ou à la Francesca Schiavone. En 2014, elle faisait déjà tomber Serena Williams ici, avant de se hisser jusqu’en quart de finale. L’an dernier, elle atteignait sa première finale de Grand Chelem à Wimbledon, battue en finale par… Serena Williams. Bref, l’Espagnole a tout pour remporter d’autres titres du Grand Chelem, et rapidement.

« Elle a un jeu moderne, elle joue de manière agressive, analyse l’entraîneur de l’Américaine, Patrick Mouratoglou. C’est de cette manière qu’on gagne des Grand Chelem, en prenant des risques sur toutes les balles. » Et puis sérieux, quel sang-froid pour conclure malgré ses quatre balles de match manquées lors du jeu précédent.

• Elle joue bien
  

Tout au long de la quinzaine, Muguruza nous a offert quelques superbes coups, entresa défense d’exception lors de sa demi-finale contre Samantha Stosur et son revers claqué au nez de l’Américaine pour conclure le premier set d’une finale où elle n’a jamais déjoué malgré la pression. « Avant ce match, je me suis dit qu’il y avait très peu de chances de gagner si je jouais mal, explique l’Espagnole. J’ai juste pensé : "allez, vas y et profite". »

« Garbine a montré un niveau de jeu incroyable », la félicite son adversaire du jour. « Après ce genre de matchs, je crois qu’on peut aller se prendre un verre de bordeaux tranquillement », sourit son entraîneur Sam Sumyk. On a déjà envie d’être à Wimbledon où son jeu offensif devrait y faire des merveilles.

• Elle n’est pas une énième joueuse toute lisse
  

Ce que donne une interview de Garbine Muguruza ? Des sorties comme « J’espère que le succès des femmes se banalisera et qu’on arrêtera d’entendre : "Non seulement elle joue bien, mais elle est jolie" » ou « Inutile de tourner autour du pot, il n’y a aucune amitié dans le monde du tennis féminin. On se déteste toutes. » Toujours plus drôle que les classiques « Alors oui, j’ai bien travaillé mon revers et ma vie est tellement belle. Youpi ! »

« Elle a beaucoup de caractère, et on l’a encore vu aujourd’hui [dimanche] sur le court, juge Sam Sumyk. C’est agréable de travailler avec elle, tu dois plus penser à la freiner qu’à la pousser. Je pense quand même car elle a encore beaucoup de points à travailler. » Pour les interviews, tout va bien. Pour le jeu, on ne demande qu’à voir.