L’image est belle. Elle a encore fait le tour du monde. Vainqueur du Russe Andrey Kuznetsov la nuit dernière en huitième de finale de l’Open d’Australie, Gaël Monfils a gratifié le public d’un plongeon spectaculaire. C’est devenu une habitude pour lui. Alors qu’il cantonnait depuis longtemps ses acrobaties à la terre battue, depuis quelques années le Français n’hésite plus à s’envoyer en l’air, même sur dur. Sauf que parfois, ça fait mal. La petite cascade de Monfils pourrait lui coûter cher. Il s’est fait mal à la main en foirant sa réception. « J’ai une entaille assez profonde, expliquait-il après son match. Les médecins ont même hésité à mettre des points de suture. J’ai un bel hématome et mon doigt a bien gonflé. »



Alors pour apprendre à Gaël Monfils à tomber correctement, 20 Minutes a demandé à un spécialiste. Loïc Korval, médaillé de bronze aux championnats du monde de judo en 2010 et champion d’Europe en 2014 pourrait servir de mentor. « Nous, on nous apprend à tomber dès les premiers entraînements, explique-t-il. C’est très important notamment pour ne pas se faire mal. » De retour d’un tournoi réussi à La Havane, Korval n’a rien manqué des exploits de Monfils. « J’ai vu son plongeon, se marre-t-il. Il est coutumier du fait. C’est bien, le saut est spectaculaire. Mais à chaque fois, il se ramasse derrière. Non seulement il peut se faire mal, mais s’il tombait mieux, il pourrait se relever plus vite. » Et donc pouvoir poursuivre les échanges et gagner des points qu’il perd parfois. Mais aussi banaliser la chute, rester dans son match et ainsi éviter la perte de concentration qui découle souvent de ce genre de situation.



« Tomber comme une banane »

Autant le préciser de suite, peu importe le gabarit. Ce n’est pas parce que Monfils est grand et élancé qu’il part avec un désavantage. « Regardez Teddy Riner, confirme Loïc Korval. Il est plus grand et plus lourd que Monfils et il tombe dix fois mieux. » Bon peut-être pas beaucoup en compétition. Mais il paraît qu’à l’entraînement le multiple champion du monde de judo ne rechigne pas du tout à faire un petit tour au sol.

Revenons au sujet. Comme Gaël doit-il faire pour bien tomber ? « La première chose, c’est de coller son menton à sa poitrine, prévient le professeur Korval. Ça lui permettra de bien protéger son cou et son dos. Il doit apprendre à tomber comme une banane. » Concrètement, ça signifie qu’il ne faut pas être trop raide, mais plutôt faire une courbe avec son corps. « Pour que la première partie qui touche le corps amortisse le choc, enchaîne le judoka. Il faut tomber comme une feuille. Elle n’atterrit jamais à plat. Elle se courbe juste avant de toucher le sol. »



Autre conseil, ne pas tenter de se protéger avec ses bras. Erreur fatale. « C’est comme ça qu’on se fait une entorse, qu’on se casse un bras ou un poignet, reprend Loïc Korval. Les zones les plus fragiles du corps sont les mains, les poignets, les bras et les épaules. » Pas surprenant donc que Gaël Monfils se soit fait mal à la main. Mais rien n’est perdu pour le dernier tricolore en lice à Melbourne. « On peut apprendre à tomber à tout âge, assure Korval. Je peux donner quelque cours à Monfils s’il veut. En trois ou quatre séances, ça sera maîtrisé. » Un peu difficile de caler ça avant le quart de finale contre Raonic dans la nuit de mardi à mercredi. Mais pourquoi ne pas organiser ça avant Roland-Garros ? On a bien envie de voir d’autres plongeons spectaculaires.